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 rapporte un renseignement:
 "Je suis rentre, monsieur.
  - Je le vois bien, repondit M. Seurel, en le considerant avec curiosite...
 Allez vous asseoir a votre place."
  Le gars se retourna vers nous, le dos un peu courbe, souriant d'un air
 moqueur comme font les grands eleves indisciplines lorsqu'ils sont punis,
 et, saisissant d'une main le bout de la table, il se laissa glisser sur son banc.
  "Vous allez prendre un livre que je vais vous indiquer, dit le maitre -
 toutes les tetes etaient alors tournees vers Meaulnes -, pendant que vos
 camarades finiront la dictee."
  Et la classe reprit comme auparavant. De temps a autre le grand
 Meaulnes se tournait de mon cote, puis il regardait par les fenetres, d'ou
 l'on apercevait le jardin blanc, cotonneux, immobile, et les champs deserts,
 ou parfois descendait un corbeau. Dans la classe, la chaleur etait lourde,
 aupres du poele rougi. Mon camarade, la tete dans les mains, s'accouda
 pour lire: a deux reprises je vis ses paupieres se fermer et je crus qu'il allait
 s'endormir.
  "Je voudrais aller me coucher, monsieur, dit-il enfin, en levant le bras
 a demi. Voici trois nuits que je ne dors pas.
  - Allez!" dit M. Seurel, desireux surtout d'eviter un incident. Toutes
 les tetes levees, toutes les plumes en l'air, a regret nous le regardames
 partir, avec sa blouse fripee dans le dos et ses souliers terreux.
  Que la matinee fut lente a traverser! Aux approches de midi, nous
 entendimes la-haut, dans la mansarde3, le voyageur s'appreter pour
 descendre. Au dejeuner, je le retrouvai assis devant le feu, pendant qu'aux
 douze coups de l'horloge, les grands eleves et les gamins, eparpilles dans la
 cour neigeuse, filaient comme des ombres devant la porte de la salle
 a manger.
  De ce dejeuner, je ne me rappelle qu'un grand silence et qu'une grande
 gene. Tout etait glace. (...) Enfin, le dessert termine, nous pumes tous les
 deux bondir dans la cour. Cour d'ecole,, apres midi, ou les sabots avaient
 enleve la neige..., cour noircie ou le degel faisait degoutter les toits du
 preau..., cour pleine de jeux et de cris percants! Meaulnes et moi, nous
 longeames en courant les batiments. Deja deux ou trois de nos amis du
 bourg laissaient la partie et accouraient vers nous en criant de joie, faisant
 gicler la boue sous leurs sabots, les mains aux poches, le cache-nez
 deroule. Mais mon compagnon se precipita dans la grande salle, ou je le
 suivis, et referma la porte vitree juste a temps pour supporter l'assaut de
 ceux qui nous poursuivaient. (...)
 150
 
 Dans la classe qui sentait les chataignes et la piquette4 il n'y avait que
 deux balayeurs, qui. deplacaient les tables. Je m'approchai du poele pour
 m'y chauffer paresseusement en attendant la rentree, tandis qu'Augustin
 Meaulnes cherchait dans le bureau du maitre et dans les pupitres. Il
 decouvrit bientot un petit atlas, qu'il se mit a etudier avec passion, debout
 sur l'estrade, les coudes sur le bureau, la tete entre les mains.
  Je me disposais a aller pres de lui; je lui aurais mis la main sur l'epaule et
 nous aurions sans doute suivi ensemble sur la carte le trajet qu'il avait fait,
 lorsque soudain la porte de communication avec la petite classe s'ouvrit toute
 battante sous une violente poussee, et Jasmin Delouche, suivi d'un gars du
 bourg et de trois autres de la campagne, surgit avec un cri de triomphe. (...)
  A son entree, Meaulnes leva la tete et, les sourcils fronces, cria aux gars
 qui se precipitaient sur le poele, en se bousculant:
 "On ne peut donc pas etre tranquille une minute, ici!
  - Si tu n'es pas content, il fallait rester ou tu etais", repondit, sans lever
 la tete, Jasmin Delouche qui se sentait appuye par ses compagnons. (...)
  Mais deja Meaulnes etait sur lui. Il y eut d'abord une bousculade; les
 manches des blouses craquerent et se decousirent. Seul, Martin, un des gars
 de la campagne entres avec Jasmin, s'interposa:
  "Tu vas le laisser!" dit-il, les narines gonflees, secouant la tete comme
 un belier.
  D'une poussee violente, Meaulnes le jeta, titubant, les bras ouverts, au
 milieu de la classe; puis, saisissant d'une main Delouche par le cou, de
 l'autre ouvrant la porte, il tenta de le jeter dehors. Jasmin s'agrippait aux
 tables et tramait les pieds sur les dalles, faisant crisser ses souliers ferres,
 tandis que Martin, ayant repris son equilibre, revenait a pas comptes, la tete
 en avant, furieux. Meaulnes lacha Delouche pour se colleter5 avec cet
 imbecile et il allait peut-etre se trouver en mauvaise posture, lorsque la
 porte des appartements s'ouvrit a demi. M. Seurel parut, la tete tournee vers
 la cuisine, terminant, avant d'entrer, une conversation avec quelqu'un...
  Aussitot la bataille s'arreta. Les uns se rangerent autour du poele, la tete
 basse, ayant evite jusqu'au bout de prendre parti. Meaulnes s'assit a sa
 place, le haut de ses manches decousu et defronce6. Quant a Jasmin, tout
 congestionne, on l'entendit crier durant les quelques secondes qui
 Precederent le coup de regle du debut de la classe:
  "Il ne peut plus rien supporter maintenant. Il fait le malin. Il s'imagine
 Peut-etre qu'on ne sait pas ou il a ete.
  - Imbecile! Je ne le sais pas moi-meme", repondit Meaulnes, dans le
 silence deja grand.
 151
 
  Puis, haussant les epaules, la tete dans les mains, il se mit a apprend i
 ses lecons**.
  ALAIN-FOURNIER. Le Grand Meaulnes (1913).
 Примечания:
  1. На льду. 2. Крытая галерея, где ученики укрывались на перемене от дождя
 3. Мансарда, комната на чердаке. 4. Кислое вино низкого качества либо изготовленное
 из виноградных выжимок. 5. Схватить за шиворот, вступить в драку. 6. Утратившие
 сборки, складки.
 Вопросы:
 * Etudiez les elements poetiques contenus dans ce paragraphe.
  ** Quelle idee peut-on se faire de 7'atmospllere qui regne dans une ecole de campagne
 d'apres ce passage? - Montrez ce qu'il y a de vivant dans le parler des eleves.
 UNE "EXPLICATION" DE PHEDRE
 L'enseignement de la litterature est un des plus ardus qui soient, surtout
 lorsqu'on pretend, comme en France, le faire reposer sur l'etude d'auteurs
 classiques, c'est-a-dire morts depuis des siecles et dont l'interet echappe
 souvent aux eleves.
 D'ou l'effort accompli aujourd'hui par de jeunes professeurs pour rendre la vie
 a de vieux textes, fut-ce au prix d'expressions argotiques et de rapprochements
 un peu hasardeux avec l'actualite.
  Un professeur du second degre, dont c'est la premiere annee d'enseignement,
 recoit la visite de l'inspecteur general. Un peu emu, il confie a l'un de ses eleves le
 soin d'expliquer un passage de Phedre (1677) selon la methode assez particuliere
 qu 'il a inauguree dans sa classe.
  L'ELEVE. - Jusqu'a Racine jamais une femme n'avait fait la cour a un
 homme sur la scene. Les femmes doivent se tenir tranquilles, surtout au
 XVIIe siecle. C'est l'homme qui commence.
 Oui, prince, je languis, je brule pour Thesee .
  Phedre est plus agee qu'Hippolyte. Mais pas beaucoup plus. Ce n'est pas
 une vieille femme, comme a la Comedie-Francaise. Elle a peut-etre
 vingt-cinq ans. On se marie jeune dans le Midi. Elle est tres jolie.
  Elle se demande comment elle va faire pour avouer son amour a ce
 jeune homme. C'est pour ca qu'elle ne dort pas depuis plusieurs nuits.
 152
 
 Elle a trouve un trac2. Elle va faire semblant de penser a son mari
 Thesee. Mais c'est au fils de son mari qu'elle pense: Hippolyte. Un fils qu'il
 a eu d'une autre femme. Justement ils se ressemblent comme deux gouttes
 d'eau. Et ils ont la meme cuirasse.
  Phedre est tres amoureuse. Elle a un temperament de feu. C'est la petite-
 fille du Soleil, qui atteint une temperature de 6500° dans la Photosphere3
 En plus, il fait tres chaud en Grece, surtout en ete. Et la piece se passe vers
 le 14 juillet4. C'est le moment des grandes fetes ou on represente les
 tragedies en plein air. Les gens apportent leurs saucissons*.
  Phedre n'en peut plus. Elle a reve a Hippolyte toute la nuit. Elle s'est
 tordue sur son lit. On etouffe dans ce palais.
  Je languis, je brule pour Thesee. Et le rejet5 au debut du vers suivant: Je
 l'aime. C'est tout a fait un corps de femme qui palpite.
 Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,
 Volage adorateur de mille objets divers,
 Qui va du dieu des morts deshonorer la couche...
  Thesee est un coureur6. Phedre en profite pour le7 glisser sans avoir l'air
 d'y toucher. Elle l'accuse d'avoir adore mille "objets". Les "objets", au
 XVIIe siecle, c'etaient les femmes. Il a deshonore la couche du dieu des
 morts. Il est descendu aux Enfers expres pour enlever sa femme
 Proserpine. Ce qui prouve aussi son courage. Le dieu des morts etait
 terrible. Et sa couche se trouvait en un endroit effrayant.
 Mais fidele, mais fier, et meme un feu farouche...
  Voila la declaration qui commence. Vers 638. C'est le portrait de
 Thesee jeune. Il n'est plus comme ca maintenant. Admirons au passage la
 ruse des femmes. Remarquer l'alliteration8 fidele, fier, farouche. Ces f
 donnent beaucoup de charme a la description. Remarquons aussi le nombre
 de syllabes: Fidele: trois. Fier: une. Farouche: trois, mais qui ne comptent
 que pour deux, a cause de l'elision de l'e muet a la fin du vers.
  La fidelite, c'est la premiere qualite chez l'homme, pour une femme:
 trois syllabes. Mais un homme qui ne serait que fidele, la femme ne
 1'aimerait pas. Il faut qu'il soit fier, qu'il la domine, mais pas trop: une
 syllabe. Il faut qu'il soit meme un peu farouche et qu'elle craigne de le
 Perdre. Cette crainte l'excite beaucoup: deux syllabes**.
 Charmant, jeune, tramant tous les c?urs apres soi...
 153
 
  Phedre y va de plus en plus fort. Une fois qu'elle est lancee, une femme
 ne sait plus s'arreter.
  Un homme peut etre fidele, fier et meme un feu farouche sans qu'on
 l'aime. Mais s'il est charmant, cela veut dire qu'on l'aime. Et, en plus, s'il
 est jeune!.. Surtout si la femme l'est moins que lui!., et s'il traine tous les
 c?urs apres soi!.. Il est bien normal qu'il traine aussi celui de Phedre.
 Tel qu'on depeint nos dieux...
  Ce Thesee, elle l'adore. Comme aujourd'hui une femme dit a un
 homme:Mon ange.
 Ou tel que je vous voi...
  Ca y est! Elle l'attaque directement. Une femme qui veut un homme,
 rien ne lui resiste. Elle commence en catimini9, puis elle y va de face.
 Hippolyte ne peut s'y tromper. Ce n'est pas de son pere qu'il s'agit, meme
 jeune, mais de lui.
  Ce petit demi-vers est un des mieux faits pour le theatre. Racine n'a pas
 besoin de dire entre parentheses que l'actrice doit se remuer comme ceci ou
 comme cela: meme si l'actrice qui joue Phedre est mauvaise, ce petit
 demivers la pousse dans le dos et la force a pivoter vers Hippolyte. Elle le
 regarde.
 // avait votre port, vos yeux, votre langage...
  Nous y sommes en plein! "Votre port", c'est sa prestance, sa demarche,
 sa haute taille. Ce qui fait que lorsqu'une femme voit arriver un homme de
 loin, elle dit: c'est Lui! Et son c?ur bat. "Vos yeux." Les femmes aiment
 beaucoup les yeux des hommes. Mais il n'y a que les plus amoureuses qui
 le leur disent. "Votre langage." Les femmes aiment beaucoup la voix des
 hommes. Elle les trouble. Surtout les voix chaudes du Midi. On s'en rend
 compte a la Radio...
 L'inspecteur general avait pris des notes.
 "Tres bien!.. Tres bien!.." repetait-il en hochant la tete.
  Quelques heures apres ma classe, il me recut dans le bureau du
 proviseur10. Comme je frappais a la porte, celui-ci sortit et m'adressa le plus
 gracieux sourire. L'inspecteur m'accueillit avec chaleur.
  "Eh bien, mais c'est excellent! dit-il. Voila exactement ce que je veux.
 Trop de professeurs tuent toutes ces choses par leur formalisme. Il faut les
 ressusciter. Par l'allusion a l'actualite, les quiproquos", les plaisanteries
 meme. Les classes ne sont pas des cimetieres, mais des sources bouillantes
 de vie." Il me felicita d'avoir fait bruler l'amour dans Phedre.
 154
 
 "Cette piece est un brasier. Il ne faut pas l'eteindre. Tant pis si elle met
 le feu au lycee***!"
  PAUL GUTH. Le Naif aux quarante enfants (1954).
 Примечания:
  1. "Федра", действие II, явление 5. 2. Уловку, хитрость (разг.). 3. Нижний слой
 солнечной атмосферы. Ученик использует слово, которое услышал от учителя астро-
 номии. 4. Забавный анахронизм: 14 июля является во Франции национальным празд-
 ником. 5. Отсылка к следующей строке, в которой одно или несколько слов связаны с
 предшествующей. 6. Мужчина, бегающий за женщинами, ловелас. 7. Pronom neutre:
 reprend l'idee de la phrase precedente. 8. Звуковая организация стиха, заключающаяся в
 повторении одной и той же согласной. 9. Втайне, скрытно. 10. Директора лицея.
 11. Квипрокво: комическая ситуация, при которой одно принимается за другое, пута-
 ница (лат.).
 Вопросы:
  ** Faites la part de ce qu'il y a de juste et de ce qu'il y a de fantaisiste dans ces
 explications.
  ** Que pensez-vous de ce commentaire sur l'alii eration? N'est-il pas un peu subtil "Et
 n'y sent-on pas soit une discrete parodie, soit une maladresse de l'eleve qui repete, a sa
 maniere, la lecon du professeur?
  *** Partagez-vous l'enthousiasme de l'inspecteur? - Essayez, de votre cote, de faire
 une explication du meme passage.
 L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
 Soucieux de preserver, dans tous les domaines, la fart de l'esprit, les Francais
 associent, four l'education des jeunes travailleurs manuels, les exercices
 professionnels et la culture generale. C'est, a leurs yeux, une condition
 essentielle de la liberation de l'homme, comme en temoigne le texte ci-dessous,
 du a la plume de M. ALBERT BUISSON, directeur general dt l'Enseignement
 technique.
  La division du travail et les exigences actuelles de la production -
 constituent parfois, pour le developpement intellectuel de l'ouvrier
 moderne, une lourde menace; pourtant, elles n'otent pas l'espoir. Si la
 specialisation agit pour l'acceleration du travail dans le meme sens que la
 machine, il est heureusement possible de conserver a l'Enseignement
 technique des moyens de developper les aptitudes de l'homme. Meme
 a l'atelier, l'intelligence est sollicitee par les problemes que posent toute
 155
 
 construction, toute transformation. Il serait etonnant, il serait decevant que
 l'homme vive et produise sans comprendre, parmi un outillage merveilleux.
 L'Enseignement technique intervient pour exciter la curiosite des eleves,
 pour les rendre attentifs, observateurs, pour les convaincre, par des faits,
 que les explications fournies au tableau noir dans les enseignements
 theoriques trouvent dans le domaine pratique les applications les plus
 diverses.
  L'atelier ainsi considere n'est pas un centre de pure pratique, mais une
 veritable "classe" ou l'esprit de l'enfant s'enrichit d'un grand nombre de
 connaissances utiles dans l'immediat et infiniment precieuses pour sa vie
 d'homme. Car celui qui aura ajoute a l'acquisition d'une specialite des
 connaissances plus generales, sera pret a modifier rapidement son travail,
 si les circonstances l'exigent. A l'aise dans le present, il disposera d'une
 reserve de moyens propres a assurer son avenir.
  Qu'il soit indispensable d'associer l'enseignement general et l'enseigne-
 ment pratique, de penetrer celui-ci par celui-la, il n'est actuellement
 personne qui le conteste. Certains, qui n'envisagent que les fins utilitaires
 de l'Enseignement technique, rejoignent sur ce point ceux que preoccupent
 davantage la condition de l'homme d'aujourd'hui et les exigences de notre
 ideal de civilisation. Car, d'une part, la culture intellectuelle est un puissane
 auxiliaire pour les travaux pratiques et, d'autre part, la specialite de la
 profession est heureusement compensee par la generalite de l'education
 Certes, les travaux pratiques, exigeant un horaire important, reduisent la
 part faite a l'enseignement general dispense dans sa forme classique, et
 s'opposent ainsi a son developpement. Mais il n'est pas d'autre lutte entre
 eux que celle de l'horaire. On ne s'etonnera donc pas que les eleves de
 l'Enseignement technique, quittant leurs ateliers ou leurs salles de
 mecanographie, viennent s'asseoir dans une classe de lettres ou dans un
 amphitheatre scientifique. Et l'on ne sera pas davantage surpris par les
 resultats fort honorables qu'ils obtiennent. La forme concrete de certains de
 leurs travaux contribue a donner a leur pensee de la precision et de la
 nettete. Une experience deja longue nous apprend que nos eleves
 apprecient, comme leurs camarades d'autres enseignements, la beaute d'un
 texte, la justesse ou la force d'une expression, la vigueur d'un
 raisonnement, qu'ils sont sensibles a la grace, a l'harmonie d'un tableau de-
 qualite, et capables enfin d'apprecier un beau spectacle.
  Ainsi, l'Enseignement technique s'efforce d'atteindre l'homme tout
 entier et de developper l'ensemble de ses aptitudes. Il est travail des mains,
 applique a des activites utiles, indispensables a notre vie nationale; il est
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 effort technique, qui donne un sens au geste professionnel, qui dresse des
 plans, qui ordonne des projets; il est acquisition d'idees, enrichissement de
 l'esprit, formation du caractere; il est, en somme, preparation a la vie
 professionnelle d'un homme qui voudra toujours abaisser les barrieres,
 etendre les horizons*.
  A. BUISSON. L'Enseignement technique (1954).
 Вопросы:
  * Commentez ce texte, au point de vue des traditions educatives francaises, et par
 comparaison avec ce que vous connaissez d'autres pays.
 L'ECOLE POLYTECHNIQUE
 On peut bien affirmer que l'ambition secrete de toute famille francaise est de
 voir au moins l'un des siens forcer les portes de l'Ecole Polytechnique. C'est
 assez dire le prestige d'une institution destinee, en principe, a former des
 officiers d'artillerie ou du genie, mais dont les eleves les plus brillants (ils
 constituent ce qu'on appelle "la botte") sont destines a devenir les ingenieurs
 en chef de tous les services civils les plus importants: Mines, Ponts et Chaus-
 sees, Chemins de Fer, Constructions navales, etc.
 Dans la lettre qu 'on trouvera ci-dessous, un jeune Polytechnicien, fraichement
 promu, decrit a ses parents la vie qu'il mene a l'Ecole.
 Paris, le 23 octobre 195...
 Mon cher Papa, ma chere Maman,
  Me voici donc depuis pres d'un mois a l'Х1 et je me suis tres bien
 adapte. La vie est bien plus agreable qu'en pension et surtout qu'en taupe2.
  Je suppose que vous desirez connaitre le genre de vie que je mene. Rien
 de plus demonstratif que de vous resumer une de mes journees.
  La sonnerie du reveil3 est a six heures trente. A sept heures moins cinq,
 quand j'en ai le courage, j'enfile une capote4 sur mon pyjama et je descends

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