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Список литературы по разделу

 Devenir a-t-elle subi l'influence de la pensee allemande, telle qu'elle s'exprime notamment (
 chez Hegel?
 CHARLES PEQUY (1873-1914)
 L'?UVRE, ou plutot l'action de CHARLES PEGUY constitue un moment capital
 dans l'histoire de la conscience francaise. Car Peguy, c'est le socialisme et la
 foi chretienne reconcilies, c'est la certitude qu'entre la Justice sociale et l'esprit
 de Charite il n'y a pas opposition, mais, bien au contraire, une indissoluble
 fraternite...
 D'ailleurs, quand, apres sa conversion, il se tourne vers ses annees de jeunesse
 ou il a passionnement combattu dans les rangs des defenseurs de Dreyfus (v. p.
 105, n. 1), il n'eprouve aucun regret, aucun besoin de se desavouer: c'etait cette
 meme "religion de la pauvrete temporelle" qui deja l'appelait.
 409
 
 SOCIALISME ET CHARITE (1910)
  Notre dreyfusisme' etait une religion, je prends le mot dans son sens le
 plus litteralement exact, une poussee religieuse, une crise religieuse, et je
 conseillerais meme vivement a quiconque voudrait etudier, considerer,
 connaitre un mouvement religieux dans les temps modernes, bien
 caracterise, bien delimite, bien taille, de saisir cet exemple unique. J'ajoute
 que pour nous, chez nous, en nous, ce mouvement religieux etait d'essence
 chretienne, d'origine chretienne, qu'il poussait de souche chretienne, qu'il
 coulait de l'antique source. Nous pouvons aujourd'hui nous rendre ce
 temoignage. La Justice et la Verite que nous avons tant aimees, a qui nous
 avons donne tout, notre jeunesse, tout, a qui nous nous sommes donnes tout
 entiers pendant tout le temps de notre jeunesse, n'etaient point des verites
 et des justices de concept2, elles n'etaient point des justices et des verites
 mortes, elles n'etaient point des justices et des verites de livres et de biblio-
 theques, elles n'etaient point des justices et des verites conceptuelles, intel-
 lectuelles, des justices et des verites de parti intellectuel, mais elles etaient
 organiques', elles etaient chretiennes, elles n'etaient nullement modernes,
 elles etaient eternelles et non point temporelles seulement, elles etaient des
 Justices et des Verites, une Justice et une Verite vivantes. Et de tous les
 sentiments qui ensemble nous pousserent, dans un tremblement, dans cette
 crise unique4, aujourd'hui nous pouvons avouer que de toutes les passions
 qui nous pousserent dans cette ardeur et dans ce bouillonnement, dans ce
 gonflement et dans ce tumulte, une vertu etait au c?ur, et que c'etait la
 vertu de charite. (...) Il est incontestable que dans tout notre socialisme
 meme il y avait infiniment plus de christianisme que dans toute la
 Madeleine5 ensemble avec Saint-Pierre-de-Chaillot5, et Saint-Philippe-du-
 Roule5 et Saint-Honore-d'Eylau5 II etait essentiellement une religion de la
 pauvrete temporelle6 C'est donc, c'est assurement la religion qui sera
 jamais7 la moins celebree dans les temps modernes. Infiniment,
 d'infiniment la moins chomee8. Nous en avons ete marques si durement, si
 ineffacablement, nous en avons recu une empreinte, une si dure marque, si
 indelebile que nous en resterons marques pour toute notre vie temporelle,
 et pour l'autre. Notre socialisme n'a jamais ete ni un socialisme
 parlementaire ni un socialisme de paroisse riche. Notre christianisme ne
 sera jamais ni un christianisme parlementaire ni un christianisme de
 paroisse riche. Nous avions recu des lors une telle vocation de 1p. pauvrete,
 de la misere meme, si profonde, si interieure, et en meme temps si
 historique, si eventuelle, si evenementaire9 que depuis nous n'avons jamais
 410
 
 pu nous en tirer, que je commence a croire que nous ne pourrons nous en
 tirer jamais. C'est une sorte de vocation. Une destination*.
  Notre Jeunesse (1910).
 Примечания:
  1. Дрейфусарство. Дрейфусарами называли тех, кто верил в невиновность капи-
 тана Дрейфуса, осужденного за государственную измену. 2 Простыми понятиями
 справедливости и истины. 3. Присущими нашему организму. 4. Дело Дрейфуса разде-
 лило Францию на два противоположных, почти враждебных лагеря 5. Церкви, распо-
 ложенные в богатых кварталах Парижа. 6. Мирская бедность, не имеющая отношения
 к религии. 7. A jamais, pour toujours. 8. Праздники которой будут менее всего праздно-
 ваться. 9. Trois adjectifs signifiant que cette vocation fut le fait des circonstances, des
 evenements
 Вопросы:
  * Nous avons ici un style procedant par bonds et par elans, a l'image de la vie
 interieure elle-meme, et, comme elle, fait de retours et de corrections. Donnez-en des
 exemples. - Comment certains courants de la pensee catholique moderne procedent-ils de
 Peguy?
 ANDRE GIDE (1869-1951)
 IL ne faut pas exagerer l'importance des Nourritures terrestres (1897) dans
 l'?uvre d'ANDRE GIDE. L'auteur lui-meme a souligne qu'il s'agissait d'un livre
 de jeunesse, ecrit par un "convalescent" tout enivre de se decouvrir gueri.
 Pourtant, c'est cette merveilleuse ivresse, cette joie debordante de sentir couler
 dans ses veines l'inepuisable ruissellement de la vie qui ont fait le succes de
 l'ouvrage. Et, s'il y a parfois quelque exces dans le paganisme frenetique qui
 s'en degage. Les Nourritures terrestres n'en ont pas moins inspire a toute une
 generation l'imperieux besoin, selon le mot de Gide lui-meme, d'une "disponi-
 bilite " sans limite...
 ETRE TOUJOURS TOUT ENTIER DISPONIBLE...
  A dix-huit ans, quand j'eus fini mes premieres etudes, l'esprit las de
 travail, le c?ur inoccupe, languissant de l'etre, le corps exaspere par la
 contrainte, je partis sur les routes, sans but, usant ma fievre vagabonde. Je
 connus tout ce que vous savez: le printemps, l'odeur de la terre, la floraison
 411
 
 des herbes dans les champs, les brumes du matin sur la riviere, et la vapeur
 du soir sur les prairies. Je traversai des villes, et ne voulus m'arreter nulle
 part. Heureux, pensais-je, qui ne s'attache a rien sur la terre et promene une
 eternelle ferveur2 a travers les constantes mobilites. Je haissais les foyers,
 les familles, tous lieux ou l'homme pense trouver un repos; et les affections
 continues, et les fidelites amoureuses, et les attachements aux idees - tout
 ce qui compromet la justice -; je disais que chaque nouveaute doit nous
 trouver toujours tout entiers disponibles (...).
  Chaque jour, d'heure en heure, je ne cherchais plus rien qu'une penetra-
 tion toujours plus simple de la nature. Je possedais le don precieux de
 n'etre pas trop entrave par moi-meme. Le souvenir du passe n'avait de force
 sur moi que ce qu'il en fallait pour donner a ma vie l'unite: c'etait comme le
 fil mysterieux qui reliait Thesee a son amour passe, mais ne l'empechait
 pas de marcher a travers les plus nouveaux paysages. Encore ce fil dut-il
 etre rompu... Palingenesies4 merveilleuses! Je savourais souvent, dans mes
 courses du matin, le sentiment d'un nouvel etre, la tendresse de ma
 perception. "Don du poete, m'ecriais-je, tu es le don de perpetuelle ren-
 contre" - et j'accueillais de toutes parts. Mon ame etait l'auberge ouverte
 au carrefour; ce qui voulait entrer, entrait*.
  Les Nourritures terrestres. Livre IV (1897).
 Примечания:
  1. Букв, запас, резерв. Имеется в виду способность воспринимать все идеи и чув-
 ства, на которых вырастает, воспитывается человек. 2. Пыл, страсть. Это слово очень
 любимо Жидом, который неоднократно восклицает: "Nathanael, je t'enseignerai la
 ferveur..." 3. Нить Ариадны, благодаря которой Тезей вышел из лабиринта. 4. Палин-
 генез (греч.) - возвращение к жизни, возрождение.
 Вопросы:
  * Montrez qu'il s'agit ici moins d'une page de pensee que d'une sorte d'effusion lyrique.
 Quel genre de seduction a-t-elle pu exercer sur la generation contemporaine d'Andre Gide?
 GEORGES DUHAMEL (1884 1966)
 Pas plus que Charles Peguy ou qu'Andre Gide, GEORGES DUHAMEL n'est un
 "penseur" de profession. Mais, pourvu d'une sensibilite vive et profonde, il
 a pris une position de philosophe en protestant avec vehemence contre les
 412
 
 du progres industriel (Scenes de la Vie future) et leurs horribles consequences
 en temps de guerre (Vie des Martyrs). A ses yeux, la Civilisation ne reside point
 dans les perfectionnements du machinisme, mais dans la sauvegarde des
 grands sentiments humains...
 CIVILISATION
  Il faudrait d'abord savoir ce que vous appelez civilisation. Je peux bien
 vous demander cela a vous, d'abord parce que vous etes un homme
 intelligent et instruit, ensuite parce que vous en parlez tout le temps, de
 cette fameuse civilisation.
  Avant la guerre, j'etais preparateur dans un laboratoire industriel. C'etait
 une bonne petite place; mais je vous assure que si j'ai le triste avantage de
 sortir vivant de cette catastrophe1 je ne retournerai pas la-dedans. La
 campagne! La pure cambrouse2! Quelque part bien loin de toutes les sales
 usines, un endroit ou je n'entende plus jamais grogner vos aeroplanes et
 toutes vos machines qui m'amusaient naguere, quand je ne comprenais rien
 a rien, mais qui me font horreur maintenant, parce qu'elles sont l'esprit
 meme de cette guerre, le principe et la. raison de cette guerre!
  Je hais le xxe siecle, comme je hais l'Europe pourrie et le monde entier,
 sur lequel cette malheureuse Europe s'est etalee, a la facon d'une tache de
 cambouis3. Je sais bien que c'est un peu ridicule de sortir de grandes
 phrases comme cela; mais bah! je ne raconte pas ces choses a tout le
 monde, et puis, autant ce ridicule-la qu'un autre! Je vous le dis, j'irai dans
 la montagne et je m'arrangerai pour etre aussi seul que possible (...).
  Croyez-le bien, monsieur, quand je parle avec pitie de la civilisation, je
 sais ce que je dis; et ce n'est pas la telegraphie sans fil qui me fera revenu-
 sur mon opinion. C'est d'autant plus triste qu'il n'y a rien a faire: on ne
 remonte pas une pente comme celle sur laquelle roule desormais le monde.
 Et pourtant!
  La civilisation, la vraie, j'y pense souvent. C'est, dans mon esprit,
 comme un ch?ur de voix harmonieuses chantant un hymne, c'est une statue
 de marbre sur une colline dessechee, c'est un homme qui dirait: "Aimez-
 vous les uns les autres!" ou: "Rendez le bien pour le mal!" Mais il y a pres
 de deux mille ans qu'on ne fait plus que repeter ces choses-la (...).
  On se trompe sur le bonheur et sur le bien. Les ames les plus genereuses
 se trompent aussi, parce que le silence et la solitude leur sont trop souvent
 refuses. J'ai bien regarde l'autoclave4 monstrueux sur son trone. Je vous le
 dis, en verite, la civilisation n'est pas dans cet objet, pas plus que dans les
 413
 
 pinces brillantes dont se servait le chirurgien. La civilisation n'est pas dans
 toute cette pacotille terrible; et, si elle n'est pas dans le c?ur de l'homme,
 eh bien, elle n'est nulle part*.
  Civilisation (1918)..
 Примечания:
  \. Имеется в виду война 1914 -1918 гг. 2. "Voila ce qu'il me faut!" - cambrouse
 (жарг.), глухая деревня, медвежий угол. 3. Отработанное машинное масло. 4. Стери-
 лизатор, емкость для кипячения хирургических инструментов (сцена происходит в
 операционной). 5. Безделушки, хлам, не имеющий реальной ценности.
 Вопросы:
  * Que faut-il penser de cette revolte de l'homme contre la machine/ - On rapprochera
 l'attitude de G. Duhamel de celles de Peguy et de Gide.
 GEORGES BERNANOS (1888-1948)
 AVANT d'etre une des plus grandes voix que la Resistance francaise ait fait
 entendre pendant l'occupation, GEORGES BERNANOS s'etait signale comme un
 pamphletaire redoutable et inspire. Catholique, mais impitoyable pourfendeur
 des "bien-pensants" de toute espece, il a exprime avec force la nostalgie d'une
 fol militante aussi eloignee des tiedeurs de l'obeissance passive que du "rea-
 lisme" des "combinards de la devotion".
 A cet egard, l'un de ses personnages, le cure de Torcy, semble bien exprimer,
 dans son rude langage de pretre flamand, l'ideal vehement de Bernanos.
 LE CURE DE TORCY
  Le cure de Torcy s'adresse au jeune curi d'Ambricourt (fas-dt-Calais), a qui il reproche
 de Muaquer d'energie.
  Il est devenu tout rouge et m'a regarde de haut en bas. "Je me demande
 ce que vous avez dans les veines aujourd'hui, vous autres jeunes pretres.
 De mon temps, on formait des hommes d'Eglise - ne froncez pas les
 sourcils, vous me donnez envie de vous calotter1 -, oui, des hommes
 d'Eglise, prenez le mot comme vous voudrez, des chefs de paroisse, des
 maitres, quoi, des hommes de gouvernement. Ca vous tenait un pays, ces
 gens-la, rien qu'en haussant le menton. Oh! je sais ce que vous allez me
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 dire: ils mangeaient bien, buvaient de meme, et ne crachaient pas2 sur les
 cartes. D'accord! Quand on prend convenablement son travail, on le fait
 vite et bien, il vous reste des loisirs et c'est tant mieux pour tout le monde.
 Maintenant les seminaires nous envoient des enfants de ch?ur, des petits
 va-nu-pieds qui s'imaginent travailler plus que personne parce qu'ils ne
 viennent a bout de rien. Ca pleurniche au lieu de commander. Ca lit des tas
 de livres et ca n'a jamais ete fichu3 de comprendre - de comprendre, vous
 m'entendez - la parabole de l'Epoux et de l'Epouse4. (...) J'avais jadis -je
 vous parle de mon ancienne paroisse - une sacristaine5 epatante6, une
 bonne s?ur de Bruges7 secularisee8 en 1908, un brave c?ur. Les huit
 premiers jours, astique que j'astique9, la maison du bon Dieu s'etait mise a
 reluire comme un parloir10 de couvent, je ne la reconnaissais plus, parole
 d'honneur! Nous etions a l'epoque de la moisson, faut dire11, il ne venait
 pas un chat, et la satanee12 petite vieille exigeait que je retirasse mes
 chaussures - moi qui ai horreur des pantoufles! Je crois meme qu'elle les13
 avait payees de sa poche. Chaque matin, bien entendu, elle trouvait une
 nouvelle couche de poussiere sur les bancs, un ou deux champignons tout
 neufs sur le tapis de choeur14, et des toiles d'araignees - ah! mon petit! des
 toiles d'araignees de quoi faire un trousseau15 de mariee. "Je me disais:
 astique toujours, ma fille, tu verras dimanche." Elle dimanche est venu.
 Oh! un dimanche comme les autres, pas de fete carillonnee16, la clientele
 ordinaire, quoi. Misere! Enfin, a minuit, elle cirait et frottait encore, a la
 chandelle. Et quelques semaines plus tard, pour la Toussaint, une mission17
 a tout casser18 prechee par deux Peres redemptoristes, deux gaillards19. La
 malheureuse passait ses nuits a quatre pattes entre son seau et sa
 vassingue20 - arrose que j'arrose21 - tellement que la mousse commencait
 de grimper le long des colonnes, l'herbe poussait dans les joints des dalles.
 Pas moyen de la raisonner, la bonne s?ur! Si je l'avais ecoutee, j'aurais
 fichu22 tout mon monde a la porte pour que le bon Dieu ait Ips pieds au sec,
 voyez-vous ca? Je lui disais: "Vous me rainerez en potions" - car elle
 toussait, pauvre vieille! Elle a fini par se mettre au lit avec une crise de
 rhumatisme articulaire, le c?ur a flanche23 et plouf24! voila ma bonne s?ur
 devant saint Pierre*. En un sens, c'est une martyre, on ne peut pas soutenir
 le contraire. Son tort, ca n'a pas ete de combattre la salete, bien sur, mais
 d'avoir voulu l'aneantir, comme si c'etait possible. Une paroisse, c'est sale,
 forcement. Une chretiente, c'est encore plus sale. Attendez le grand jour du
 Jugement, vous verrez ce que les anges auront a retirer des plus saints
 monasteres, par pelletees - quelle vidange! Alors, mon petit, ca prouve
 que l'Eglise doit etre une solide menagere, solide et raisonnable. Ma bonne
 415
 
 s?ur n'etait pas une vraie femme de menage: une vraie femme de menage
 sait qu'une maison n'est pas un reliquaire25. Tout ca, ce sont des idees de
 poete**."
 Journal d'un Cure de Campagne (1936)
 Примечания:
  1. Надавать пощечин (разг.) 2. Не гнушаются (разг.) перекинуться в картишки
 3. Способны (разг.). 4. В этой притче Супруг - это Христос, Супруга - христиан
 екая церковь. 5. Монашка, следящая за порядком в ризнице. On dit plutot: sacristine
 6 Поразительная, потрясающая (разг.). 7. Брюгге, город в Бельгии. 8. Живущая в ми-
 ру, но тем не менее принадлежащая церкви. 9. Изо всех сил наводила блеск (разг )
 10. Помещение в монастыре, где принимают посетителей. 11. Надо сказать, отметить
 (разг.) И далее' в церкви не было ни единого прихожанина (из-за жатвы)
 12. Чертова (разг). 13. Домашние туфли. 14. Хоры, место для певчих в церкви
 15. Белье и носильные вещи, которые новобрачная приносит в дом как приданое
 16. Праздник, отмечаемый колокольным благовестом. 17 Серия проповедей, которые
 произносят монахи, специально для этого направленные в приход 18 Приготов-
 ленная с огромными стараниями (разг). 19. Крепкими, жизнерадостными людьми,
 весельчаками. 20 Слово фламандского происхождения: половая тряпка. 21 Она во-
 всю намывала. 22 Я бросил бы (разг.). 23. Сердце сдало. 24. Хлоп! Бац! (звукоподр.).
 25. Реликвиарий, рака со святыми мощами.
 Вопросы:
  * Etudiez le langage du cure de Torcy. Montrez qu'il est en rapport avec la personnalite
 de ce pretre.
 ** Quel est le sens symbolique de l'anecdote contee ici?
 ANDRE MALRAUX
 (ne en 1901)
 ANDRE MALRAUX a pense qu'il etait dangereux -pour un artiste de se
 retrancher de son epoque et de ses contemporains: car c'est courir le risque de
 perdre ce sens de la "fraternite", cette communication avec les autres hommes
 que seul peut assurer un art reellement engage-
 Dans La Condition humaine (1933) tt n'hesite pas, sans faire acte de formel
 propagandiste, a militer aux cotes de ses personnages.
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 LA CONDITION HUMAINE
  Les communistes viennent de soulever Shanghai contre les oppresseurs de la Chine,
 Europeens ou grands feodaux asiatiques. Mais les nationalistes chinois, qui se sont, un
 temps, allies aux communistes, font executer les chefs de l'insurrection. L'un de ceux-ci,
 Katovi, attend avec d'autres prisonniers le moment d'etre brule vif dans une chaudiere de
 locomotive; il pourrait, comme l'a fait son camarade Kyo, se suicider avec du cyanure de
 potassium; mais dans un elan de generosite, il donne son poison a deux de ses compagnons
  "He la, dit-il a voix tres basse. Souen, pose ta main sur ma poitrine, et
 prends des que je la toucherai; je vais vous donner mon cyanure. Il n'y en a
 absolument que pour deux."
  Il avait renonce a tout, sauf a dire qu'il n'y en avait que pour deux.
 Couche sur le cote, il brisa le cyanure en deux. Les gardes masquaient la
 lumiere, qui les entourait d'une aureole trouble; mais n'allaient-ils pas
 bouger? Impossible de voir quoi que ce fut; ce don de plus que sa vie,
 Katow le faisan a cette main chaude qui reposait sur lui, pas meme a des
 corps, pas meme a des voix. Elle se crispa comme un animal, se separa de
 lui aussitot. Il attendit, tout le corps tendu. Et soudain, il entendit l'une des
 deux voix:
 "C'est perdu. Tombe."
  Voix a peine alteree1 par l'angoisse, comme si une telle catastrophe
 n'eut pas ete possible, comme si tout eut du s'arranger. Pour Katow aussi,
 c'etait impossible. Une colere sans limites montait en lui mais retombait,
 combattue par cette impossibilite. Et pourtant! Avoir donne cela pour que
 cet idiot le perdit!
 "Quand? demanda-t-il.
 - Avant2 mon corps. Pas pu tenir quand Souen l'a passe; je suis aussi
 . blesse a la main.
 - Il a fait tomber les deux", dit Souen.
  Sans doute cherchaient-ils entre eux. Ils chercherent ensuite entre
 Katow et Souen, sur qui l'autre etait probablement presque couche, car

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