<< Пред.           стр. 14 (из 58)           След. >>

Список литературы по разделу

 PANISSE. - Allons, Cesar...
  CESAR. - Oui, tu me fends le c?ur. Pas vrai, Escartefigue? Il nous fend
 le c?ur.
 ESCARTEFIGUE (ravi). - Tres bien.
  (Il jette une carte sur le tapis. Panisse la regarde, regarde Cesar, puis se leve
 brusquement, plein de fureur.)
  PANISSE. - Est-ce que tu me prends pour un imbecile? Tu as dit:
 "II nous fend le c?ur", pour lui faire comprendre que je coupe a c?ur. Et
 alors il joue c?ur5, parbleu!
 CESAR. -...
  PANISSE (il lui jette les cartes au visage). - Tiens, les voila tes cartes,
 hypocrite! (...) Siou pas plus fada que tu, sas! Foou pas mi prendre per un
 109
 
 aoutre! (Il se frappe la poitrine.) Siou mestre Panisse, et sies pas prou fin
 per m'agouta6! (Il sort violemment en criant: "Tu me fends le c?ur!"
 En coulisse, une femme crie: "Le Soleil! Le Radical7!"*)
  MARCEL PAGNOL. Marins (1929). Acte III, se.
 Примечания:
  1. Он опасается, не побьет ли противник его карту козырем, если он зайдет с чер-
 вей. 2. Я бросаю (разг.) 3. Они спеклись (т.е. партия ими проиграна). 4. Tu m'epies
 (argot marseillais). 5. Т.е. он пойдет с мелкой червовой карты, чтобы заставить Панисса
 побить ее козырем. 6. Provencal de Marseille: "Je ne suis pas plus fou que toi, tu sais! Il ne
 faut pas me prendre pour un autre. Je suis maitre Panisse, et tu n'es pas assez malin pour me
 tromper!" 7. Названия газет.
 Вопросы:
 * Sur quel jeu de mots repose le comique de cette scene?
 DE LA GASTRONOMIE
 La gastronomie est regardee en France a la fois comme un art et comme une
 science. Certains meme l'ont haussee au rang d'une veritable philosophie:
 "Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es... "
  Le maitre de ces metaphysiciens de la gourmandise est assurement
 BRILLAT-SAVAR1N (1755-1826) ce magistrat qui legifera du "gout" en
 aphorismes vigoureux et d'une forme parfois plaisamment paradoxale.
 APHORISMES DU PROFESSEUR
 POUR SERVIR DE PROLEGOMENES A SON OUVRAGE
 ET DE BASE ETERNELLE A SA SCIENCE.
 I. - L'univers n'est rien que par la vie, et tout ce qui vit se nourrit.
  IL - Les animaux se repaissent; l'homme mange; l'homme d'esprit seul
 sait manger.
  III. - La destinee des nations depend de la maniere dont elles se
 nourrissent.
 IV. - Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce. que tu es'.
  V. - Le Createur, en obligeant l'homme a manger pour vivre, l'y invite
 par l'appetit, et l'en recompense par le plaisir.
 110
 
 VI. - La gourmandise est un acte de notre jugement, par lequel nous
 accordons la preference aux choses qui nou- sont agreables au gout sur
 celles qui n'ont pas cette qualite.
  VII. - Le plaisir de la table est de tous les ages, de toutes les
 conditions, de tous les pays et de tous les jours; il peut s'associer a tous les
 plaisirs, et reste le dernier pour nous consoler de leur perte.
  VIII. - La table est le seul endroit ou l'on ne s'ennuie jamais pendant la
 premiere heure.
  IX. - La decouverte d'un mets nouveau fait plus pour le bonheur du
 genre humain que la decouverte d'une etoile.
  X. - Ceux quis'indigerent2 ou ceux qui s'enivrent ne savent ni boire ni
 manger.
 XI. - L'ordre des comestibles est3 des plus substantiels aux plus legers.
  XII. - L'ordre des boissons est des plus temperees aux plus fumeuses
 et aux plus parfumees.
  XIII. - Pretendre qu'il ne faut pas changer de vin est une heresie; la
 langue se sature; et, apres le troisieme verre, le meilleur vin n'eveille plus
 qu'une sensation obtuse.
 XIV. - Un dessert sans fromage est une belle a qui il manque un ?il.
 XV. - On devient cuisinier, on nait rotisseur.
  XVI. - La qualite la plus indispensable du cuisinier est l'exactitude:
 elle doit etre aussi celle du convie.
  XVII. - Attendre trop longtemps un convive retardataire est un
 manque d'egards pour tous ceux qui sont presents.
  XVIII. - Celui qui recoit des amis et ne donne aucun soin personnel au
 repas qui leur est prepare, n'est pas digne d'avoir des amis.
  XIX. - La maitresse de la maison doit toujours s'assurer que le cafe est
 excellent; et le maitre, que les liqueurs sont de premier choix.
  XX. - Convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur pendant tout
 le temps qu'il est sous votre toit*.
 BRILLAT-SAVARIN. Physiologie du Gout (1825).
 111
 
 Примечания:
  I. Parodie d'un proverbe: " Dis-moi qui tu hantes (frequentes), le te dirai qui tu es."
 2. Переедают до несварения желудка (до пресыщения). 3. Va.
 Вопросы:
  * On remarquera le caractere resolument social de certains de ces aphorismes. - Vous
 approuverez ou discuterez, selon vos gouts, votre humeur ou vos idees, quelques-uns d'entre
 eux.
 LE DEJEUNER DE SOUSCEYRAC
 On sait l'importance que les Francais attachent a la degustation de repas
 savoureux, savamment arroses de vins fins. Et ce sera, pour l'etranger qui vient dans
 notre pays, un moyen agreable d'en connaitre les diverses regions que de s'initier
 aux specialites culinaires propres a chacune de nos provinces:
 a Rouen, on lui servira "le canard au sang"; a Nantes, "le brochet au beurre
 blanc"; en Perigord, des "confits" de volaille et de porc; dans le Gers ou le Lot, du
 "foie gras" truffe; a Marseille, "la bouillabaisse" et "l'aioli"; en Savoie, "la
 fondue"; a Nancy, "la quiche lorraine"; et a Strasbourg, "le kugelhopf".
 On trouvera un exemple amusant du gout si francais pour la bonne cuisine
 dans ce Dejeuner de Sousceyrac, que PIERRE BENOIT a eu la bonne idee d'offrir
 aux deux heros de son roman.
  Deux amis, Philippe et Jean, se sont arretes a Sousceyrac' pour dejeuner. Mais
 ils ne sont pas sans crainte sur ce que Mme Prunet, leur hotesse, va leur servir a
 manger.
 Madame Prunet les attendait sur le seuil de l'hotel.
  "Tout est pret, messieurs", dit-elle. Et elle les conduisit dans la salle
 a manger, qui etait situee au premier etage.
  Les dernieres abeilles de la saison s'insinuaient en bourdonnant
 a travers les rayures d'or pale despersiennes. Jean ouvrit la fenetre toute
 grande. La lumiere entra. "Nous serons tres bien, ici", dit-il. En raison de
 l'heure deja avancee, ils etaient seuls dans la piece assez banale, mais d'une
 proprete parfaite. Le parquet, humide encore d'un recent lavage, sentait
 l'eau de savon. Il y avait des fleurs champetres dans les cornets2 de faux
 cristal. Aux murs, des gravures coloriees evoquaient les batailles navales,
 ou des vaisseaux et des fregates de chez nous etaient en train de s'expliquer
 severement avec leurs petits camarades d'outre-Manche*.
  Philippe et Jean s'installerent pres de la fenetre, devant la table ou leurs
 couverts etaient mis.
 112
 
 "Qu'allez-vous nous donner, chere madame? demanda Jean. - Du
 poulet, puisque vous en desirez, messieurs, repondit Mme Prunet. Mais
 comme il n'est pas tout a fait a point, j'ai pense vous faire gouter d'abord
 autre chose."
  II s'agissait d'un foie de canard et d'un saladier d'ecrevisses, qu'elle
 disposa devant eux.
  "Ce n'est pas tres varie comme hors-d'?uvre, poursuivit-elle. Si vous
 desirez des sardines a l'huile, je peux envoyer la petite en chercher une
 boite a l'epicerie qui n'est pas loin.
  - Pour Dieu, gardez-vous-en, ma chere dame. C'est tres bien ainsi!"
 s'ecria Jean. Tandis que Mme Prunet se retirait, il donna un coup de coude
 a Philippe. "Eh! mais, dis donc, les choses n'ont pas l'air de trop mal
 s'arranger. - Pourquoi veux-tu necessairement etre tombe dans un guet-
 apens?" repliqua Philippe avec aplomb.
  Il y avait seulement dix minutes, il n'etait point aussi rassure. Ce fut ce
 que Jean faillit lui repondre. Mais il fut assez magnanime pour ne pas
 insister.
  "Voyons ces ecrevisses. Elles ne sont pas tres grosses, mais le court-
 bouillon3 qui les baigne me parait avoir ete compose selon les veritables
 regles de l'art. Echalote, thym, laurier4. Parfait! Rien ne manque.
  - Quant au foie gras, dit Philippe, il est tout simplement merveilleux.
 Je te conseille de le comparer avec les purees qu'on nous sert a Paris.
  - Decidement, dit Jean, tu as eu une riche idee en nous faisant passer
 par Sousceyrac. En tout cas, que mes eloges ne t'empechent pas de nous
 verser a boire."
  II y avait sur la table deux sortes de vins, l'un blanc, l'autre rouge. Jean
 gouta a l'un et a l'autre. Le blanc etait leger, avec un arriere-gout de resine
 qui n'etait pas desagreable. Quant au rouge, il etait un peu epais, un peu
 violace, mais si plein d'honnetete et de fraicheur!
  "Maintenant, le poulet peut etre brule, j'ai moins peur. Avec ce vin, ce
 foie gras, ces ecrevisses, nous verrons toujours venir. Allons, redonne-nous
 a boire, et quitte cette mine de catastrophe5."
  Il rit. Philippe consentit a sourire. Le saladier, enorme pourtant, etait
 deja a moitie vide. Du foie, il ne restait qu'une mince tranche, que Jean
 s'adjugea. Quant aux bouteilles, elles ne risquaient plus, en se renversant,
 de causer a la nappe le moindre dommage.
  "Excellente entree en matiere, madame, dit Jean a l'hotesse. Sans
 mentir, si le plat de resistance est de la meme lignee que les hors-d'?uvre...
 Mais, qu'est-ce que vous nous apportez la?
 113
 
  - Des truites du pays, monsieur, repondit-elle avec son air perpetuel de
 s'excuser. Mon petit-neveu les a pechees cette nuit. Je les avais promises a
 quelqu'un des environs. Mais tant pis! J'aime autant que vous en profitiez.
  - Inspiration du Ciel, ma bonne dame. Regarde-moi ca, Philippe. Sont-
 elles gracieuses, les mignonnes! Qu'en penses-tu?" Philippe haussa les
 epaules.
  "Je te l'avais bien dit, fit-il, quand Mme Prunet eut regagne sa cuisine.
 Pourquoi n'aurions-nous pas ete admirablement ici?
  - Ouais! dit Jean. Enfin ne rouvrons pas les vieilles querelles.
 Repasse-moi le plat. He! la, he! la, laisse-m'en.
  - Le vin blanc, qui me paraissait un peu faible sur les ecrevisses,
 s'harmonise fort bien avec les truites", dit Philippe.
  Verre en main, ils se regarderent en souriant, legerement renverses
 contre le dossier de leurs chaises...
  Au-dehors, un peu de brise etait ne, une brise qui n'etait pas encore le
 vent d'hiver, mais qui le faisait pressentir. Elle ondulait avec douceur dans
 les vastes frondaisons rousses du foirail6.
  Mme Prunet entra, nantie d'un plat de cepes7 farcis. Les deux amis lui
 firent une ovation. "A boire, a boire! cria Jean.
  - Tu voudras bien constater, dit Philippe solennellement, que les
 champignons que voici n'ont aucun rapport avec les miserables morceaux
 de pneumatiques huileux qu'on debite partout sous le nom de cepes a la
 bordelaise8. Tu es rassure, j'espere, a present?
  -Si je le suis! C'est-a-dire que je suis au comble de l'amertume de
 n'avoir decouvert Sousceyrac que le dernier jour des vacances, a la veille
 de notre separation. Ca m'embete9 bien de te quitter, mon petit Philippe, tu
 sais.
  - Reste avec moi. Les braves gens de Vierzon chez qui je vais seront
 ravis. Je leur ai si souvent parle de toi.
 - Tu n'es pas fou? Et le ministere?
  - Deux jours, trois jours de plus, qu'est-ce que c'est que cela? Personne
 n'en mourra.
  - Impossible, te dis-je... Apres-demain, sans faute, je dois etre rue de
 Grenelle10. Aujourd'hui, c'est mon chant du cygne11.
  - En fait de cygne, regarde. Voila qui me fait l'effet d'un assez joli
 canard en salmis12." Jean leva les bras au ciel.
  "Imbecile. Imbecile ou ivrogne. Il est indigne d'etre originaire d'un tel
 pays. Il prend pour un salmis de canard un civet13 de lievre. Et quel civet!
 Mes compliments, madame. C'est onctueux, c'est noir, c'est magnifique.
 114
 
 Nous vous avons sottement defiee. Vous avez releve le defi. Croyez que
 nous ne vous en gardons nulle rancune. Mais sapristi14, il fallait prevenir!
 C'est que je commence a etre a bout de souffle. Allons-y pourtant. Sainte
 Vierge, je n'ai jamais rien mange de pareil!
  - Vous etes trop indulgent, monsieur, dit Mme Prunet. Moi, je ne suis
 pas tres satisfaite de ce lievre. Il avait perdu beaucoup de sang. Le poulet
 sera, je crois, mieux reussi. - Le poulet?
  - Ne m'avez-vous pas reclame du poulet? Excusez-moi, il ne faut pas
 que je le perde de vue. Un coup de feu est si vite attrape. - Cette brave
 dame a jure notre mort", dit Philippe**.
  PIERRE BENOIT. Le Dejeuner de Sousceyrac (1931).
 Примечания:
  1. Городок на юго-западе Центрального массива (департамент Ло). 2. Небольшие ва-
 зы в форме рогов. 3. Пряный навар для отваривания рыбы и ракообразных. 4. Пряности,
 душистые травы - лук-шалот, тимьян, лавровый лист. 5. ...И прекрати строить такую
 кислую физиономию. 6. Рыночная площадь. 7. Белых грибов. 8. Белые грибы по-
 бордосски. 9. Огорчает (разг.). 10. Улица в Париже. На ней находится министерство, в
 котором служит Жан. 11. Лебединая песня, т.е. последнее творение художника. Сущест-
 вует легенда, что перед смертью лебедь поднимается в небо, чтобы пропеть последнюю
 песню. 12. Рагу из птицы в соусе. 13. Рагу из дичи или зайца, тушеных в вине с луком.
 14. Проклятие, чаще всего используемое для выражения эмоций, нечто вроде "Черт по-
 бери!".
 Вопросы:
 * Relevez les traits d'humour contenus dans cehe page.
  ** Etudiez la psychologie de chacun des trois personnages. - Par quels procedes
 l'auteur parvient-il a animer sa description?
 PRESENTATION D'UNE "COLLECTION"
 PARIS est peut-etre le lieu du monde ou l'elegance feminine atteint son plus
 haut degre de raffinement. Et les noms de nos grands couturiers sont aussi
 connus a l'etranger, sinon davantage, que ceux de nos plus grands artistes ou
 de nos plus grands savants.
 Les maisons de couture, temples de la haute mode, vivent dans un etat de
 fievre permanente. Mais cette fievre atteint son point culminant lors de la
 presentation publique des nouvelles collections: autrement dit, quand les
 "mannequins" viennent faire admirer a une assistance choisie les tout derniers
 modeles dont on les a revetus.
 115
 
  Rue Clement-Marot', cent cinquante personnes, installees autour de la
 piste, emplissaient les salons gris et or de la maison Marcel Germain. La
 presentation a la presse de la collection de demi-saison venait de
 commencer, en retard comme de coutume. Aristocratie de la profession, les
 redactrices en chef des grandes revues feminines etaient assises de droit au
 premier rang. Derriere elles, selon une hierarchie subtile et soigneuse,
 etaient placees les chroniqueuses de mode des journaux de Paris et de
 province; toutes ces dames prenaient des notes sur des calepins de
 moleskine noire.
  Se trouvaient la egalement les acheteuses des maisons americaines, et
 aussi un petit nombre d'hommes - illustrateurs, peintres, decorateurs de
 theatres et fabricants de tissus - qui ne semblaient nullement genes dans
 cette voliere*.
  Les mannequins s'avancaient, le c?ur serre de trac2 le regard
 faussement detache, avec une demarche artificielle, un nonchaloir sur
 veille" des attitudes hors d'usage, et ce sourire force qu'ont les trapezistes
 en fin de numero.
  Une crieuse annoncait le nom des modeles. La saison precedente,
 Marcel Germain avait pris, pour baptiser ses robes, la serie des volcans et
 des montagnes. Cette fois, il avait travaille dans les petits gateaux. Les
 tailleurs s'appelaient "Friand", "Sable" et "Macaron", et la robe de mariee,
 en broderie anglaise, se nommait "Puits d'Amour".
 Germain avait invente aussi la teinte de la saison: le bleu "eternite".
  Marcel Germain lui-meme, dans un veston pervenche, au col une
 cravate papillon de couleur flamme, les yeux legerement a fleur de tete et
 les cheveux blonds en toupet ondule, se promenait dans les couloirs,
 nerveux, agite, anxieux, et epiait les applaudissements comme un auteur
 dramatique pendant une generale.
  "Ah!., mes enfants, "Brioche" ne plait pas... Mais si, je sais ce que je
 dis, entendez donc, ce manteau est un four, disait-il a son entourage de
 maquettistes et de premieres vendeuses. Je le savais, on n'aurait pas du le
 passer... Et maman? Est-ce que vous apercevez maman? Est-ce que maman
 n'est pas desesperee? Pauvre maman..."
  Mme Germain, la mere du createur, sage et rose sous ses cheveux
 blancs, se tenait parmi les hautes autorites americaines et distribuait de
 doux sourires et de bons propos.
  Le personnel superieur s'employait a rassurer le couturier, et la
 directrice commerciale, Mme Merlier, personne au beau profil et aux
 cheveux severement tires en arriere, s'efforcait de lui apporter un peu de
 116
 
 reconfort viril**.
  Mais Germain continuait de se tordre les mains. On vivait en plein
 drame. Comme toujours, il y avait des modeles qui n'etaient pas prets a
 temps. Le couturier et son etat-major avaient travaille jusqu'a 3 heures du
 matin, au studio, pour rectifier des details, et, depuis l'ouverture, les
 ateliers executaient les dernieres inspirations.
  "Et "Mille-Feuilles", est-ce que "Mille-Feuilles" est descendue?
 demandait Marcel Germain. Mais, voyons, c'est effroyable! Qu'est-ce que
 fait l'atelier de Marguerite? "Mille-Feuilles" est le clou de la collection.
 Tout tient la-dessus. Merlier4, mon petit, je vous en prie, allez voir vous-
 meme ce qui se passe. "
  C'etait la troisieme personne qu'il envoyait ainsi depuis dix minutes, a la
 recherche de "Mille-Feuilles".
  "Si nous ne pouvons pas montrer cette robe, moi, mes enfants, je vous
 annonce que je ferme la maison ce soir, declara Germain, et je mets tout le
 monde sur le pave... Une cigarette, je voudrais une cigarette. Non, pas
 celles-la, les miennes. Ou sont-elles?.. Et celle-la, celle-la. Chantai, oui,
 regardez-la, gemit-il en designant un mannequin qui s'avancait dans le
 grand salon, elle a oublie ses boucles d'oreilles! Je vous assure, moi, je vais
 mourir***."
  MAURICE DRUON. Rendez-vous aux Enfers (1951).

<< Пред.           стр. 14 (из 58)           След. >>

Список литературы по разделу