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La-dessus il repartit, il mit son c?ur a nu, ouvrit l'ecluse au flot amer deses rancunes:
"Vous etes ici trois employes attaches a l'expedition : vous, M. Soupe et
M. Letondu. M. Soupe en est aujourd'hui a sa trente-septieme annee de
service, et il n'y a plus a attendre de lui que les preuves de sa vaine bonne
volonte. Quant a M. Letondu, c'est bien simple: il donne depuis quelques
mois des signes indeniables d'alienation mentale. Alors, quoi? Car voila
pourtant ou nous en sommes, et il est inoui de penser que sur trois
expeditionnaires, l'un soit fou, le deuxieme gateux et le troisieme a l'enter-
rement. Ca a l'air d'une plaisanterie; nous nageons en pleine operette!.. Et
naivement vous vous etes fait a l'idee que les choses pouvaient continuer
de ce train?" Le doigt secoue dans l'air, il conclut:
"Non, monsieur! J'en suis las, moi, des enterrements, et des catastrophes
soudaines, et des ruptures d'anevrisme9 et des gouttes10 qui remontent au
c?ur, et de toute cette turlupinade' ' dont on ne saurait dire si elle est plus
grotesque que lugubre ou plus lugubre que grotesque! C'en est assez, vous
dis-je. Desormais, de deux choses l'une: la presence ou la demission
choisissez. Si c'est la demission, je l'accepte; je l'accepte, au nom du
ministre et a mes risques et perils, est-ce clair? Si c'est le contraire, vous
voudrez bien me faire le plaisir d'etre ici chaque jour sur le coup d'onze
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heures, a l'exemple de vos camarades, et ce a compter de demain, est-ce
clair? J'ajoute que le jour ou la fatalite - cette fatalite odieuse qui vous
poursuit, semble se faire un jeu de vous persecuter - viendra vous frapper
de nouveau dans vos affections de famille, je vous ferai flanquer a 'la porte,
est-ce clair?"
D'un ton degage ou percait une legere pointe de persiflage:
"Parfaitement clair, dit Lahrier.
- A merveille, fit le chef; vous voila prevenu*."
GEORGES COURTFLJNE. Messiew.s les Ronds-de-Cuir(1893).
Примечания:
1. Департамент (управление) министерства. 2. Лепные карнизы. 3 Меховой мешок
или мешок, наполненный шерстью, куда опускали ноги, чтобы они не замерзли.
4 Имя курьера. 5. В то время писали уже преимущественно стальными перьями При-
верженность к гусиному перу свидетельствует о маниакальном характере персонажа
6. В год (действие происходит в начале 90-х гг. прошлого века). 7. Juron familier.
8. То есть занятых перепиской бумаг. 9. Разрыв расширившегося участка артерии,
в результате которого происходит внутреннее кровошлияние. 10 Подагра 11. Шугка
в дурном вкусе.
Вопросы:
* Relevez et etudiez les elements comiques et satiriques contenus clans ce texte. Notez le
melange d'indignation et d'ironie chez le chef de service.
CRAINQUEBILLE ET L'AGENT 64
C'EST un petit metier, un des nombreux metiers de la rue que celui de "mar-
chand des quatre-saisons". Il a pourtant ses lettres de noblesse en litterature,
depuis qu'il a fourni a ANATOLE FRANCE le sujet d'un de ses contes les plus
populaires: L'Affaire Crainquebille.
Le ton de l'ecrivain est evidemment satirique: mais l'ironie n'altere ici ni la
verite de la scene ni la vivacite du recit.
Jerome crainquebille, marchand des quatre-saisons, allait par la ville,
poussant sa petite voiture et criant: "Des choux, des navets, des carottes!"
et, quand il avait des poireaux, il criait: "Bottes d'asperges!" parce que les
poireaux sont les asperges du pauvre. Or, le 20 octobre, a l'heure de midi,
comme il descendait la rue Montmartre, Mme Bayard, cordonniere
A l'Ange gardien, sortit de sa boutique et s'approcha de la voiture
legumiere. Soulevant dedaigneusement une botte de poireaux:
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"Ils ne sont guere beaux, vos poireaux. Combien la botte?
- Quinze sous, la bourgeoise. Y a pas meilleur.
- Quinze sous, trois mauvais poireaux?"
Et elle rejette la botte dans la charrette, avec un geste de degout.
C'est alors que l'agent 64 survint et dit a Crainquebille:
"Circulez!" '
Crainquebille, depuis cinquante ans, circulait du matin au soir.
Un tel ordre lui sembla legitime et conforme a la nature des choses.
Tout dispose a y obeir, il pressa la bourgeoise de prendre ce qui etait a sa
convenance.
"Faut encore que je choisisse la marchandise", repondit aigrement la
cordonniere.
Et elle tata de nouveau toutes les bottes de poireaux, puis elle garda
celle qui lui parut la plus belle et elle la tint contre son sein comme les
saintes, dans les tableaux d'eglise, pressent sur leur poitrine la palme
triomphale.
"Je vais vous donner quatorze sous. C'est bien assez. Et encore il faut
que j'aille les chercher dans la boutique, parce que je ne les ai pas sur moi."
Et, tenant ses poireaux embrasses, elle rentra dans la cordonnerie ou
une cliente, portant un enfant, l'avait precedee.
A ce moment, l'agent 64 dit pour la deuxieme fois a Crainquebille:
"Circulez!
- J'attends mon argent, repondit Crainquebille.
- Je ne vous dis pas d'attendre votre argent; je vous dis de circuler".
reprit l'agent avec fermete.
Cependant la cordonniere, dans sa boutique, essayait des souliers bleus
a un enfant de dix-huit mois dont la mere etait pressee. Et les tetes vertes
des poireaux reposaient sur le comptoir.
Depuis un demi-siecle qu'il poussait, sa voiture dans les rues.
Crainquebille avait appris a obeir aux representants de l'autorite. Mais il se
trouvait cette fois dans une situation particuliere, entre un devoir et un
droit. Il n'avait pas l'esprit juridique. Il ne comprit pas que la jouissance
d'un droit individuel ne le dispensait pas d'accomplir un devoir social*. Il
considera trop son droit qui etait de recevoir quatorze sous, et il m
s'attacha pas assez a son devoir qui etait de pousser sa voiture et d'aller plus
avant et toujours plus avant. Il demeura.
Pour la troisieme fois, l'agent 64, tranquille et sans colere, lui donna
l'ordre de circuler. Contrairement a la coutume du brigadier Montanciel
qui menace sans cesse et ne sevit jamais, l'agent 64 est sobre
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d'avertissements et prompt a verbaliser. Tel est son caractere. Bien qu'un
peu sournois, c'est un excellent serviteur et loyal soldat. Le courage d'un
lion et la douceur d'un enfant. Il ne connait que sa consigne**.
"Vous n'entendez donc pas, quand je vous dis de circuler!"
Crainquebille avait de rester en place une raison trop considerable a ses
yeux pour qu'il ne la crut pas suffisante. Il l'exposa simplement et sans art:
"Nom de nom! puisque je vous dis que j'attends mon argent."
ANATOLE FRANCE. Crainquebille (1901).
On devine la suite: le pauvre Crainquebille finira par tomber sous le coup d'outrages a
agent et passera en "correctionnelle", c"est-a-dire devant le tribunal de premiere instance
et sera condamne a quinze jours de prison.
Примечание:
1. Проходите (жаргон полицейских).
Вопросы:
* Expliquez cette distinction entre le droit individuel et le devoir social. Dans quelle
mesure et dans quelles circonstances le premier doit-il s'incliner devant les exigences du
second?
** En quoi consiste, ici, la satire? Et, plus generalement, comment s'exprime iitoaie de
l'auteur dans tout ce recit? - Certains tours denotent un ecrivain raffine. Montrez que
cependant Anatole France a su rendre le langage du peuple.
RIVALITE D'INDUSTRIELS
Si l'industrie francaise, pour faire face a la concurrence etrangere, a souvent
du, de nos jours, se constituer en trusts et en cartels, elle fut longtemps dirigee
par des hommes qui entendaient rester maitres de. leur affaire et qui la.
geraient comme un bien strictement personnel, ou, tout au plus, familial. C'est
ce type de patrons qu'ANDRE MAUROIS, lui-meme fils de drapiers d'Elbeuf, a fait
revivre, non sans humour, dans son roman Bernard Quesnay.
M. Achille, vieillard de soixante-douze ans, et fort riche, faisait de
l'industrie comme les vieux Anglais font du golf, avec devotion. A la
question de son petit-fils: "Pourquoi passer une vie breve a fabriquer des
tissus?" il aurait sans doute repondu: "Pourquoi vivre si l'on n'en fabrique
pas?" Mais toute conversation qui ne traitait pas de la technique de son
metier n'etait pour lui qu'un bruit negligeable.
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Descendant de fermiers qui s'etaient faits tisseurs au temps du premier
Empire, M. Achille gardait de cette origine paysanne un besoin violent de
travail et une mefiance incroyable. Ses maximes etonnaient par un mepris
sauvage des hommes. Il disait: "Toute affaire que l'on me propose est
mauvaise, car si elle etait bonne on ne me la proposerait pas". 11 disait
aussi: "Tout ce qu'on ne fait pas soi-meme n'est jamais fait". "Tous les
renseignements sont faux."
La brutalite de ses reponses epouvantait les courtiers en laine, dont les
mains tremblaient en ouvrant devant lui leurs paquets bleus. Il ne croyait
pas que l'amabilite et la solvabilite fussent des vertus compatibles. A client
flatteur il coupait le credit. Avec les etrangers, qu'il appelait des
"exotiques", sans distinguer d'ailleurs les Europeens des Canaques, il se
refusait a tout commerce.
Comme tous les grands mystiques, M. Achille menait une vie austere.
Le luxe etait a ses yeux le premier des signes de l'indigence. Dans les
femmes, il ne voyait que les tissus dont elles s'enveloppaient. Dans sa
bouche, le: "Je tate votre habit, l'etoffe en est moelleuse"1, eut ete naif et
sans arriere-pensee. Prive du cliquetis de ses metiers, il deperissait aussitot.
Il ne vieillissait que le dimanche, et des vacances l'auraient tue. Ses deux
seules passions etaient l'amour des "affaires" et la haine qu'il portait a M.
Pascal Bouchet, son confrere et concurrent*.
Les hauts toits rouges des usines Quesnay dominaient le bourg de Pont-
de-1'Eure, comme une forteresse le pays qu'elle protege. A Louviers, petite
ville distante seulement de quelques lieues, les usines Pascal Bouchet
alignaient au bord de l'Eure leurs nefs rablees et tortueuses.
En face de l'industrie imperiale des cartels allemands, cette industrie
francaise d'avant-guerre demeurait feodale et belliqueuse. De leurs
chatea.ux forts voisins, les deux fabricants de la Vallee se faisaient une
guerre de tarifs et la souhaitaient meurtriere.
Un negociant qui disait a M. Achille: "Bouchet vend moins cher", lui
faisait aussitot baisser ses prix. Un contremaitre de M. Pascal qui
annoncait: "On me demande chez Quesnay", etait augmente a la fin du
mois. Cette lutte coutait cher aux deux maisons ennemies. Mais M. Pascal
Bouchet, semblable en cela a M. Achille, considerait l'industrie comme un
sport guerrier et ne parlait qu'avec orgueil des coups recus dans les
campagnes saisonnieres.
"Pascal!., disait M. Achille, apres chaque inventaire... Pascal est un fou
qui se ruinera en deux ans." II le disait depuis trente-cinq ans**.
ANDRE MAUROIS. Bernard Cuesnay (1926).
210 ,
Примечания:
1. Это слова Тартюфа, обращенные к Эльмире ("Тартюф" Мольера).
Вопросы:
* Etudiez la psychologie d'Achille Quesnay. Montrez quels ravages la deformation
professionnelle a operes clans son esprit.
** Sur quel ton l'auteur presente-t-il ses personnages? Relevez les nombreuses traces
d'ironie contenues dans ce texte.
POUR UNE MEDECINE HUMANISTE
RENELERICHE (1881-1955), fondateur de la Chirurgie physiologique, a ete l'un
des plus grands praticiens de son temps. Mais il ne s'est pas applique
seulement a perfectionner la qualite scientifique et technique de son art.
N'oubliant jamais que l'homme est un "etre de sentiment autant qu'?uvre de
chair", 17 a voulu conserver a la medecine et a la chirurgie un caractere
profondement humain.
Pour ne pas se laisser aller a oublier l'interet du malade, pour ne pas
depasser ce qui lui est permis, il faut que la chirurgie conserve le souci de
l'humain, le chirurgien demeurant le serviteur comprehensif et respectueux
de l'homme malade. Tout chirurgien doit avoir le sentiment profond du
respect du par chacun de nous a la personne humaine.
Presence de l'homme dans la chirurgie, pourrait-on dire.
J'ai cherche un mot pour designer ce que je voulais exprimer ainsi (...).
Celui d'humanisme s'est impose a moi; humanisme: elan de l'homme vers
l'homme, souci de 1 individuel, recherche de chacun dans sa vente.
Je sais bien que dans la tradition de l'ecole, le mot d'humanisme a une
tout autre signification et ne devrait s'entendre que d'une attitude voulue de
l'intelligence. Mais, de nos jours memes, au terme d'une longue meditation,
la conception humaniste s'est affirmee plus large que jamais. Elle prend
desormais pour objet l'homme tout entier, l'homme individu, dans les
?uvres de son esprit, dans les mouvements de son intelligence et de son
c?ur, dans ses inquietudes, ses espoirs, ses desesperances, dans son
aspiration faustienne' a la vie. C'est donc bien un courant de pensee que
l'on peut faire passer au travers de la chirurgie.
En fait, cet humanisme, c'est celui que tout medecin sent s'eveiller en lui
au contact de la souffrance et de la misere des hommes.
211
C'est lui qui permet au chirurgien d'etre proche du malade tourmente,
proche sans effort, sans mot appris des que la maladie fait affleurer ce
trefonds de vie secrete ou la psychanalyse a trouve matiere a tant
d'explorations revelatrices. C'est lui seul qui peut maintenir la chirurgie
dans sa ligne droite, car il est la seule ethique3 qui puisse fixer, pour
chacun de nous, la limite des droits et l'etendue des devoirs.
Malheureusement, nos facultes de medecine ne s'en inquietent guere.
Elles n'enseignent pas cette science de l'homme total (...). Sans doute,
a l'hopital, chaque jour, des maitres de haute conscience prechent
l'humanisme par leur exemple. Mais le cadre de leurs lecons vecues est
parfois tellement inhumain que l'idee se dilue. Dans nos hopitaux, tout
choque l'humanisme: la promiscuite des corps, la violation des intimites
secretes, l'impudeur des voisinages, le contact permanent avec la
soufftance, l'indifference devant la mort.
Aussi peut-on aborder la chirurgie sans en avoir compris la valeur
humaine, sans etre moralement prepare a ce qu'elle impose. Et c'est la d'ou
vient le danger.
Sans doute, les medecins sont generalement impregnes de cette culture
classique qui aide tant a comprendre l'homme, mais a l'age ou il est mis en
contact avec la pensee antique, le futur medecin est trop jeune pour en
saisir la signification reelle. Et c'est plus tard, de lui-meme, que, sensible a
la misere des hommes, le medecin trouve au lit du malade le sens veritable
de sa profession. Certes, la plupart des medecins sont des humanistes, mais
peut-etre serait-il bon qu'on ne laisse pas attendre a chacun d'eux les
messages de l'experience.
C'est pourquoi il y a lieu de dire les devoirs que la pensee humaniste
impose aux chirurgiens, pour que la chirurgie soit vraiment a la mesure de
l'homme*.
RENE LERICHE. La Philosophie de la Chirurgie (1951).
Примечания:
1 В фаустовском гepoe средневековой легенды, на основе которой Гете написал своего
"Фауста" 2. Выхолит на поверхность эгих таинственных глубин 3. Единственная мораль
Вопросы:
* D apres cette page montrez que la medecine est une ethique non moins qu'une science.
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PILOTE DE LIQNE
Tout le monde connait le nom de Bleriot, de Guynemer, de Pelletier d'Oisy, de
Mermoz, de Clostermann, de tous les aviateurs enfin que des raids
spectaculaires ou des services de guerre eclatants ont places en vedette. Mais il
est d'autres pilotes, ceux qui se consacrent au transport des voyageurs ou du
courrier, dont la vie, pourtant si souvent mise en peril, est ignoree du grand
public.
C'est pour ces heros meconnus que SAINT-EXUPERY, avant de disparaitre au
cours d'une reconnaissance, en 1944, a ecrit ses fameux romans Vol de Nuit et
Terre des Hommes.
La femme du pilote, reveillee par le telephone, regarda son mari et
pensa:
"Je le laisse dormir encore un peu".
Elle admirait cette poitrine nue, bien carenee1, elle pensait a un beau
navire.
Il reposait dans ce lit calme, comme dans un port, et, pour que rien
n'agitat son sommeil, elle effacait du doigt ce pli, cette ombre, cette houle2,
elle apaisait ce lit, comme, d'un doigt divin, la mer.
Il ouvrit les yeux.
"Quelle heure est-il?
- Minuit.
- Quel temps fait-il?
- Je ne sais pas..."
II se leva. Il marchait lentement vers la fenetre en s'etirant.
"Je n'aurai pas tres froid. Quelle est la direction du vent?
- Comment veux-tu que je sache..."
Il se pencha:
"Sud. C'est tres bien. Ca tient au moins jusqu'au Bresil."
Il remarqua la lune et se connut riche*. Puis ses yeux descendirent sur
la ville. Il ne la jugea ni douee, ni lumineuse, ni chaude. Il voyait deja
s'ecouler le sable vain de ses lumieres3.
"A quoi penses-tu?"
Il pensait a la brume possible du cote de Porto Alegre.
" J'ai ma tactique. Je sais par ou faire le tour... "
II s'inclinait toujours. Il respirait profondement, comme avant de se
jeter, nu, dans la mer.
"Tu n'es meme pas triste... Pour combien de jours t'en vas-tu?" Huit, dix
jours. Il ne savait pas. Triste, non; pourquoi?
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Ces plaines, сes villes, ces montagnes... Il partait libre, lui semblait-il,
a leur conquete, II pensait aussi qu'avant une heure il possederait et
rejetterait Buenos Aires4
Il sourit:
"Cette ville... j'en serai si vite loin. C'est beau de partir la nuit. On tire
sur la manette des gaz, face au Sud, et dix secondes plus tard on renverse le
paysage, face au Nord. La ville n'est plus qu'un fond de mer." Elle pensait
a tout ce qu'il faut rejeter pour conquerir**.
"Tu n'aimes pas ta maison?
- J'aime ma maison..."
Mais deja sa femme le savait en marche. Ces larges epaules pesaient
deja contre le ciel.