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 des combats que toute la journee la timidite et l'orgueil s'etaient livres dans
 son c?ur**.
  Le Rouge et le Noir, I, IX (1830).
 Примечания:
  1. Родственница и подруга г-жи де Реналь. 2. Жюльен, пылкий поклонник Наполе-
 она, читал ''Мемориал Святой Елены", дневник, который вел граф де Лас Казе, сопут-
 ствовавший Наполеону в его изгнании. 3. Выспренние, высокопарные. 4. Карл Сме-
 лый (1433 - 1477) - последний герцог Бургундии, непримиримый враг французского
 короля Людовика XI.
 Вопросы:
 * On etudiera le conflit de la volonte et de la timidite chez Julien.
  ** Zola a regrette que le cadre de cette scene n'ait pas ete evoque avec plus
 d'exactitude. Qu'en pensez-vous ?
 GUSTAVE FLAUBERT (1821 1880)
 Veritable forcat des lettres, capable de recommencer la meme 'page quinze
 ou vingt fois et n'y mettant le point final qu'au moment ou il en etait pleinement
 satisfait, FLAUBERT offre l'image de l'ecrivain consciencieux jusqu'a la torture.
 De la ses "affres", ses decouragements, cette angoisse si souvent ressentie de
 ne jamais atteindre le terme de l'?uvre entreprise. De la aussi, parfois, une
 certaine monotonie dans le style, trop tendu a force de viser a la perfection.
 318
 
 Mais l'?uvre de Flaubert abonde egalement en pages d'une belle coulee
 classique, ou la reussite masque l'effort.
 VICTOR, LE NEVEU DE FELICITE1
  Il arrivait le dimanche apres la messe, les joues roses, la poitrine nue, et
 sentant l'odeur de la campagne qu'il avait traversee. Tout de suite, elle
 dressait son couvert. Ils dejeunaient l'un en face de l'autre; et, mangeant
 elle-meme le moins possible pour epargner la depense, elle le bourrait
 tellement de nourriture qu'il finissait par s'endormir. Au premier coup des
 vepres, elle le reveillait, brossait son pantalon, nouait sa cravate, et se
 rendait a l'eglise, appuyee sur son bras dans un orgueil maternel.
  Ses parents le chargeaient toujours d'en2 tirer quelque chose, soit un
 paquet de cassonade4, du savon, de l'eau-de-vie, parfois meme de l'argent.
 Il apportait ses nippes5 a raccommoder et elle acceptait cette besogne,
 heureuse d'une occasion qui le forcait a revenir.
 Au mois d'aout, son pere l'emmena au cabotage6.
  C'etait l'epoque des vacances. L'arrivee des enfants7 la consola. Mais
 Paul devenait capricieux, et Virginie n'avait plus l'age d'etre tutoyee, ce qui
 mettait une gene, une barriere entre elles.
  Victor alla successivement a Morlaix. a Dunkerque et a Brighton; au
 retour de chaque voyage, il lui offrait un cadeau. La premiere fois, ce fut
 une boite en coquilles, la seconde, une tasse a cafe; la troisieme, un grand
 bonhomme en pain d'epice. Il embellisait, avait la taille bien prise, un peu
 moustache, de bons yeax francs, et un petit chapeau de cuir, place en
 arriere comme un pilote. Il l'amusait en lui racontant des histoires melees
 de termes marins.
  Un lundi, 14 juillet 1810 (elle n'oublia pas la date), Victor annonca qu'il
 etait engage au long cours8 et, dans la nuit du surlendemain, par le
 paquebot de Honfleur9, irait rejoindre sa goelette10, qui devait demarrer11
 du Havre prochainement. Il serait, peut-etre, deux ans parti.
  La perspective d'une telle absence desola Felicite; et pour lui dire
 encore adieu, le mercredi soir, apres le diner de Madame, elle chaussa des
 galoches12, et avala les quatre lieues qui separaient Pont-1'Eveque de
 Honfleur.
  Quand elle fut devant le Calvaire, au lieu de prendre a gauche, elle prit
 a droite, se perdit dans des chantiers, revint sur ses pas; desgens qu'elle
 accosta14 l'engagerent a se hater. Elle fit le tour du bassin rempli des
 navires, se heurtait contre des amarres15; puis le terrain s'abaissa, des
 319
 
 lumieres s'entrecroiserent, et elle se crut folle, en apercevant des chevaux
 dans le ciel.
  Au bord du quai, d'autres hennissaient, effrayes par la mer. Un palan16
 qui les enlevait les descendait dans un bateau, ou des voyageurs se
 bousculaient entre les barriques de cidre, les paniers de fromage, les sacs
 de grain; on entendait chanter des poules, le capitaine jurait; et un mousse
 restait accoude sur le bossoir17, indifferent a tout cela. Felicite, qui ne
 l'avait pas reconnu, criait: "Victor!"; il leva la tete; elle s'elancait, quand on
 retira l'echelle tout a coup*.
  Un C?ur simple (1877).
 Примечания:
  1. Имя служанки, чью жизнь Флобер описал в "Простом сердце" 2. У нее. т.е. у
 Фелисите. 3. Soit = c'est-a-dire. 4. Плохо очищенный сахар коричневатого цвета. 5. По-
 ношенная одежда, тряпье. 6. Торговые морские рейсы между портами, находящимися
 на одном побережье. 7. Дети госпожи Обен, хозяйки Фелисите. 8. В дальнее плавание.
 9. Порт в устье Сены. 10. Шхуну. Название происходит, повидимому, от goeland -
 чайка. И. Отчалить, т.е. отправиться в плавание. 12. Грубые башмаки, изготовленные
 из дерева, либо с деревянной подошвой. 13. В субпрефектуре Кальвадос в Нормандии.
 14. Подошла, обратилась. 15. Швартовы - канаты, которыми судно удерживается >
 причальной стенки. 16. Полиспаст, грузоподъемное устройство. 17. Крамбол - балка,
 на которой подвешивается якорь.
 Вопросы:
  * Comment l'auteur nous interesse-t-il a cette pauvre femme. - Montrez la couleur
 maritime du passage.
 GUY DE MAUPASSANT (1850-1893)
 ENTRE les romanciers de l'epoque realiste ou naturaliste, MAUPASSANT se
 distingue par la force nerveuse de son style, la simplicite de ses moyens
 d'expression.Voici une nouvelle, dont le theme a inspire plus d'un poete ou d'un
 chansonnier (par exemple Tennyson dans Enoch Arden, ou l'auteur inconnu de
 la vieille chanson du Marin qui revient de guerre ). Une intense emotion, une
 grande pitie se degagent de ce drame des humbles. Elles sont a la mesure de la
 discretion voulue par l'auteur.
 320
 
 LE RETOUR
  La mer fouette la cote de sa vague courte et monotone. De petits nuages
 blancs passent vite a travers le grand ciel bleu, emportes par le vent rapide,
 comme des oiseaux; et le village, dans le pli du vallon qui descend vers
 l'ocean, se chauffe au soleil.
  Tout a l'entree, la maison des Martin-Levesque, seule, au bord de la
 route. C'est une petite demeure de pecheur, aux murs d'argile, au toit de
 chaume empanache d'iris bleus. Un jardin large comme un mouchoir, ou
 poussent des oignons, quelques choux, du persil, du cerfeuil, se carre2
 devant la porte. Une haie le clot le long du chemin.
  L'homme est a la peche, et la femme, devant la loge, repare les mailles
 d'un grand filet brun, tendu sur le mur ainsi qu'une immense toile
 d'araignee. Une fillette de quatorze ans, a l'entree du jardin, assise sur une
 chaise de paille, penchee en arriere, raccommode du linge, du linge de
 pauvre, rapiece, reprise deja. Une autre gamine, plus jeune d'un an, berce
 dans ses bras un enfant tout petit, encore sans geste et sans parole; et deux
 mioches3 de deux ou trois ans, le derriere dans la terre, nez a nez, jardinent
 de leurs mains maladroites et se jettent des poignees de poussiere dans la
 figure.
  Personne ne parle. Seul le moutard" qu'on essaie d'endormir pleure
 d'une facon continue, avec une petite voix aigre et frele. Un chat dort sur la
 fenetre; et des giroflees epanouies font, au pied du mur, un beau bourrelet
 de fleurs blanches, sur qui4 bourdonne un peuple de mouches.
 La fillette qui coud pres de l'entree appelle tout a coup:
 " M'man ! "
 La mere repond:
 "Que qu'tas?
 - Le r'voila5".
  Elles sont inquietes depuis le matin, parce qu'un homme rode autour de
 la maison; un vieux homme qui a l'air d'un pauvre. Elles l'ont apercu
 comme elles allaient conduire le pere a son bateau, pour l'embarquer. Il ,
 etait assis sur le fosse, en face de leur porte. Puis, quand elles sont
 revenues de la plage, elles l'ont retrouve la, qui regardait la maison.
  Il semblait malade et tres miserable. Il n'avait pas bouge pendant plus
 d'une heure; puis, voyant qu'on le considerait comme un malfaiteur, il
 s'etait leve et etait parti en trainant la jambe.
  Mais bientot elles l'avaient vu revenir de son pas lent et fatigue; et il
 s'etait encore assis, un peu plus loin cette fois, comme pour les guetter.
 321
 
  La mere et les fillettes avaient peur. La mere surtout se tracassait parce
 qu'elle etait d'un naturel craintif, et que son homme, Levesque, ne devait
 revenir de la mer qu'a la nuit tombante.
  Son mari s'appelait Levesque; elle, on la nommait Martin, et on les avait
 baptises les Martin-Levesque. Voici pourquoi: elle avait epouse en
 premieres noces un matelot du nom de Martin, qui allait tous les etes
 a Terre-Neuve, a la peche de la morue.
  Apres deux annees de mariage, elle avait de lui une petite fille et elle
 etait encore grosse de six mois quand le batiment qui portait son mari, les
 Deux-S?urs, un trois-mats de Dieppe, disparut.
  On n'en eut jamais aucune nouvelle; aucun des marins qui le montaient
 ne revint; on le considera donc comme perdu corps et biens6.
  La Martin attendit son homme pendant dix ans, elevant a grand-peine
 ses deux enfants; puis, comme elle etait vaillante et bonne femme, un
 pecheur du pays, Levesque, veuf avec un garcon, la demanda en mariage.
 Elle l'epousa, et eut encore de lui deux enfants en trois ans.
  Ils vivaient peniblement, laborieusement. Le pain etait cher et la viande
 presque inconnue dans la demeure. On s'endettait parfois chez le
 boulanger, en hiver, pendant les mois de bourrasques. Les petits se
 portaient bien, cependant. On disait:
  "C'est des braves gens, les Martin-Levesque. La Martin est dure a la
 peine, et Levesque n'a pas son pareil pour la peche."
 La fillette assise a la barriere reprit:
  "On dirait qu'y nous connait. C'est p't-etre ben queque pauvre
 d'Epreville ou. d'Auzebosc7."
  Mais la mere ne s'y trompait pas. Non, non, ca n'etait pas quelqu'un du
 pays, pour sur!
  Comme il ne remuait pas plus qu'un pieu, et qu'il fixait ses yeux avec
 obstination sur le logis des Martin-Levesque, la Martin devint furieuse et,
 la peur la rendant brave, elle saisit une pelle et sortit devant la porte.
 "Que que vous faites la?" cria-t-elle au vagabond.
 Il repondit d'une voix enrouee:
 "J'prends la fraiche, donc! J'vous fais-ti tort8? "
 Elle reprit:
 "Pourque qu'vous etes quasiment en espionnance devant ma maison9?"
 L'homme repliqua:
  "Je n'fais d'mal a personne. C'est-i point10 permis d's'asseoir sur la
 route?"
 Ne trouvant rien a repondre, elle rentra chez elle.
 322
 
 Le journee s'ecoula lentement. Vers midi, l'homme disparut. Mais il
 repassa vers cinq heures. On ne le vit plus dans la soiree.
 Levesque rentra a la nuit tombee. On lui dit la chose. Il conclut:
 "C'est queque fouineur ou queque malicieux11."
  Et il se coucha sans inquietude, tandis que sa compagne songeait a ce
 rodeur qui l'avait regardee avec des yeux si droles12.
  Quand le jour vint, il faisait grand vent, et le matelot, voyant qu'il ne
 pourrait prendre la mer, aida sa femme a raccommoder ses filets.
  Vers neuf heures, la fille ainee, une Martin, qui etait allee chercher du
 pain, rentra en courant, la mine effaree et cria:
 "M'man, le r'voila!"
 La mere eut une emotion, et, toute pale, dit a son homme:
  "Va li parler, Levesque, pour qu'il ne nous guette point comme ca,
 parce que, me, ca me tourne les sangs 13."
  Et Levesque, un grand matelot au teint de brique, a la barbe drue et
 rouge, a l'?il bleu perce d'un point noir, au cou fort, enveloppe toujours de
 laine par crainte du vent et de la pluie au large, sortit tranquillement et
 s'approcha du rodeur.
 La mere et les enfants les regardaient de loin, anxieux et fremissants.
  Tout a coup, l'inconnu se leva et s'en vint, avec Levesque, vers la
 maison.
 La Martin, effaree, se reculait. Son homme lui dit:
  "Donne-lui un p'tieu de pain et un verre de cidre, 1 n'a rien maque
 depuis avant-hier14."
  Et ils entrerent tous deux dans le logis, suivis de la femme et des
 enfants. Le rodeur s'assit et se mit a manger, la tete baissee sous tous les
 regards.
  La mere, debout, le devisageait; les deux grandes filles, les Martin,
 adossees a la porte, l'une portant le dernier enfant, plantaient sur lui leurs
 yeux avides, et les deux mioches, assis dans les cendres de la cheminee,
 avaient cesse de jouer avec la marmite noire, comme pour contempler aussi
 cet etranger.
 Levesque, ayant pris une chaise, lui demanda:
 "Alors vous v'nez de loin?
 - J'viens d'Cette15.
 - A pied, comme ca?..
 - Oui, a pied. Quand on n'a pas les moyens, faut ben.
 - Ousque16 vous allez donc?
 - J'allais t'ici17.
 323
 
 - Vous y connaissez quequ'un?
 - Ca se peut ben."
  Ils se turent. Il mangeait lentement, bien qu'il fut affame, et il buvait une
 gorgee de cidre apres chaque bouchee de pain. 11 avait un visage use, ride,
 creux partout, et semblait avoir beaucoup souffert.
 Levesque lui demanda brusquement:
 "Comment que vous vous nommez?"
 Il repondit sans lever le nez:
 "Je me nomme Martin. "
  Un etrange frisson secoua la mere. Elle fit un pas, comme pour voir de
 plus pres le vagabond, et demeura en face de lui, les bras pendants, la
 bouche ouverte. Personne ne disait plus rien. Levesque enfin reprit:
 "Etes-vous d'ici?"
 Il repondit:
 "J'suis d'ici."
  Et comme il levait enfin la tete, les yeux de la femme et les siens se
 rencontrerent et demeurerent fixes, meles, comme si les regards se fussent
 accroches.
 Et elle prononca tout a coup, d'une voix changee, basse, tremblante:
 "C'est-y te'8, mon homme?"
 Il articula lentement:
 "Oui, c'est me19."
 II ne remua pas, continuant a macher son pain.
 Levesque, plus surpris qu'emu, balbutia:
 "C'est te, Martin?"
 L'autre dit simplement:
 "Oui, c'est me."
 Et le second mari demanda:
 " D'ou que tu d'viens donc?"
 Le premier raconta:
  "D'ia cote d'Afrique. J'ons sombre sur un banc. J'nous sommes ensauves
 a trois. Picard, Vatinel et me. Et pi j'avons ete pris20 par des sauvages qui
 nous ont tenus douze ans. Picard et Vatinel sont morts. C'est un voyageui
 anglais qui m'a pris-t-en passant21 et qui m'a reconduit a Cette. Et me v'ia"
 La Martin s'etait mise a pleurer, la figure dans son tablier.
 Levesque prononca:
 "Que que j'allons fe, a c't'heure22?"
 Martin demanda:
 "C'est te qu'es s'n'homme?"
 324
 
 Levesque repondit:
 "Oui, c'est me!"
 Ils se regarderent et se turent.
  Alors, Martin, considerant les enfants en cercle autour de lui, designa
 d'un coup de tete les deux fillettes.
 "C'est-i1 les miennes?"
 Levesque dit:
 "C'est les tiennes."
 Une se leva point; il ne les embrassa point; il constata seulement:
 "Bon Dieu, qu'a sont grandes23!"
 Levesque repeta:
 "Que que j'allons fe?"
 Martin, perplexe, ne savait guere plus. Enfin il se decida
  "Moi, j'frai a ton desir. Je n'veux pas t'faire tort. C'est contrariant tout de
 meme, vu la maison. J'ai deux etants, tu n'as trois24, chacun les siens. La
 mere, c'est-ti a te, c'est-ti a me? J'suis consentant a ce qui te plaira; mais la
 maison, c'est a me, vu qu'mon pere me l'a laissee, que j'y suis ne, et qu'elle
 a des papiers chez le notaire."
  La Martin pleurait toujours, par petits sanglots caches dans la toile
 bleue du tablier. Les deux grandes fillettes s'etaient rapprochees et
 regardaient leur pere avec inquietude.
 Il avait fini de manger. Il dit a son tour:
 "Que que j'allons fe?"
 Levesque eut une idee:
 "Faut aller chez l'cure, i' decidera."
  Martin se leva, et, comme il s'avancait vers sa femme, elle se jeta sur sa
 poitrine en sanglotant:
 "Mon homme! te v'ia! Martin, mon pauvre Martin, te v'ia!"
  Et elle le tenait a pleins bras, traversee brusquement par un souffle
 d'autrefois, par une grande secousse de souvenirs qui lui rappelaient ses
 vingt ans et ses premieres etreintes.
  Martin, emu lui-meme, l'embrassait sur son bonnet. Les deux enfants,
 dans la cheminee, se mirent a hurler ensemble en entendant pleurer leur
 mere, et le dernier-ne, dans les bras de la seconde des Martin, clama d'une
 voix aigue comme un ufre faux.
 Levesque, debout, attendait:
 "Allons, dit-il, faut se mettre en regle."
  Martin lacha sa femme, et, comme il regardait ses deux filles, la mere
 leur dit:
 325
 
 "Baisez vot'pe25, au moins."

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