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 и морозов. 6. Тропа, вьющаяся по склону горы.
 LE MASSIF CENTRAL
 Jules Romains est ne dans le Velay, J province dominee far le mont Mezenc.
 Demeure toujours fidele a cet apre pays, il en exprime admirablement l'etrange
 et puissante beaute.
  Emmanuel explique a Therese l'existence qu'elle menera en pleine
 montagne des Cevennes, quand il l'aura eposee.
  THERESE, apres un silence.
 Je ne pourrai pas vivre ici.
 EMMANUEL
 Mais ce n'est pas ici que nous vivrons d'abord.
 Notre pere Helier nous donne une maison
 Qu'il possede dans la bruyere du Mezenc.
 Nous y serons un village, et tout un royaume.
 26
 
 Therese parait attentive. Son visage s'eclaire.
 Ecoute-moi. C'est une grande maison basse
 Qui s'enfonce a demi dans un creux de la lande,
 Avec un long toit penchant qui rejoint le sol,
 Et un seul arbre qui se repand sur le toit.
 Alentour, aussi loin que peut porter la vue,
 Tout est desert, tout n'est qu'une onde d'herbe rase
 Ou que douee epaisseur de bruyere feutree1.
 Et tant d'espace ne s'etend jusqu'a personne.
 Il n'y a pas un signe de possession.
 Par endroits, une pierre plantee,
 un genet.
 Des septembre, il vient la-dessus de lents brouillards;
 On est seul, comme au fond de son meilleur sommeil,
 Et l'on voit tout a coup naitre et fuir dans la brume
 Un poulain libre qui galope sans nul bruit.
 Et c'est la neige, apres, qui commence a tomber.
 Elle est tendre, au debut, elle fond vers midi,
 Laissant une rosee a la pointe des herbes.
 Mais un beau jour d'octobre elle ne s'en va plus.
 L'on cesse de voir l'herbe rase, et la bruyere,
 Puis les pierres plantees,
 et les genets aussi.
 Un nouveau sol pousse, avec de nouvelles formes,
 Comme si une bete avait change de peau,
 Un sol neuf, qui est terre par la durete,
 Et qui est ciel, en meme temos, par la lumiere.
 Peu a peu, la maison s'ensevelit.
 On tache
 De garder un chemin libre devant le seuil,
 Et la neige fait deux murailles qui grandissent.
 Et puis, une nuit, il en tombe
 Tellement, que le jour d'apres
 On renonce a prendre la pelle.
 Il faut barricader la porte:
 Une barre en haut, une en bas,
 27
 
 Et deux autres qu'on coince en terre
 Pour epauler chaque battant.
 THERESE, moitie souriant, moitie frissonnant.
 Et tu veux me mettre en prison
 Dans la neige du mont Mezenc?
 Mais je mourrais, Emmanuel!
 EMMANUEL, venant encore plus pres d'elle.
 La maison est alors aussi secrete et seule
 Que si on se cachait a cent pieds sous le sol.
 L'on n'entend plus que la fontaine interieure
 Couler infiniment dans l'auge de granit.
 L'ame se plait entre l'etable et la cuisine.
 Il repose2, au plafond, sur des claies toutes noires,
 Des jambons, du fromage et du lard pour plus de six mois.
 Des bottes de saucissons pendent a la cheminee.
 On bute au cellier sur des pommes de terre croulantes;
 Deux armoires de chene abritent mille fruits en rangs;
 II se carre au grenier plus d'un sac de belle farine,
 Et le foin dans la grange est entasse jusqu'aux chevrons3
 Alors la maison s'emplit de la chaleur de l'etable.
 L'eau semble tiede aux mains comme la laine des brebis.
 Il ne vient un peu de jour que par la haute lucarne
 Qui est aupres de l'arbre et que la neige n'atteint pas.
 C'est une fente etroite et profonde comme une source.
 Le jour qui en descend parait un plaisir d'homme riche4,
 Et on le recueille avec beaucoup de soin dans ses yeux.
 Mais le soir une grosse lampe
 Bourdonne au-dessus de la table,
 Jusqu'a l'heure de s'endormir.
 Les lits sont enfonces dans une muraille de bois;
 Ils vont loin, comme des trous d'insectes au c?ur d'un vieil arbre.
 Le sommeil y est plus enivrant que partout ailleurs,
 Plus libre de la terre, plus entre dans l'autre vie;
  Tres bas, tout pres de son visage:
 28
 
 Le sommeil, Therese, le sommeil,
 et aussi l'amour*.
  JULES ROMAINS. Cromedeyre-le-Vieil, IV, II (1920).
 Примечания:
  1. Имеется в виду, что на вересковых зарослях вереск образует упругий, плотный
 (как войлок) слой. 2. Tour impersonnel. Le vrai sujet est: des jambons, du fromage et du
 lard (v. plus bas: il se carre). 3. Стропила крыши сходятся под острым углом в форме
 буквы А. 4. То есть удовольствие редкостное и утонченное.
 Вопросы:
 * Montrez quelle poesie se degage de ce style aux formes pleines et denses.
 LA FOIRE DE BANON
 Ne a Manosque (Basses-Alpes), JEAN GIONO est le poete moderne de la
 Provence, un poete qui prete une ame extriionlinairemsnt fraiche aux plantes,
 aux betes, aux gens; et qui, sensible au mystere de l'univers (mais non a Dieu),
 passe aisement d'une sorte de mysticisme laique au realisme le plus
 pittoresque.
  Malgre le mauvais an1 le grand marche d'ete a rempli la villotte2. Il y
 a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des
 paquets, des enfants habilles de dimanche qui serrent dans leurs poings
 droits les dix sous pour le beignet3 frit. Ca vient de toutes les pentes des
 collines. Il y en a un gros tas qui marche sur la route d'Ongles, tous
 ensemble, les charrettes au pas et tout le monde dans la poussiere; il y en
 a comme des graines sur les sentiers du cote de Laroche, des pietons avec
 le sac a l'epaule et la chevre derriere; il y en a qui font la pause4 sous les
 peupliers du chemin de Simiane, juste dessous les murs, dans le son de
 toutes les cloches de midi. Il y en a qui sont arretes au carrefour du moulin;
 ceux de Laroche ont rencontre ceux du Buech. Ils sont emmeles comme un
 paquet de branches au milieu d'un ruisseau. Ils se sont regardes les uns les
 autres d'un regard court qui va des yeux aux sacs de ble. Ils se sont compris
 tout de suite.
 "Ah! qu'il est mauvais, cet an qu'on est a vivre!"5
 "Et que le grain est leger!"-"Et que peu il y en a!"
 "Oh! oui!"
  Les femmes songent que, la-haut sur la place, il y a des marchands de
 toile, de robes et de rubans, et qu'il va falloir passer devant tout ca etale, et
 qu'il va falloir resister. D'ici, on sent deja la friture des gaufres; on entend
 29
 
 comme un suintement des orgues, des maneges de chevaux de bois; ca fait
 les figures longues6, ces invitations de fete dans un bel air plein de soleil
 qui vous reproche le mauvais ble.
  Dans le pre qui pend, a l'ombrage des pommiers, des gens de ferme se
 sont assis autour de leur dejeuner. D'ordinaire, on va a l'auberge manger "la
 daube"7. Aujourd'hui, il faut aller a l'economie8.
  Ca n'est pas que l'auberge chome; oh! non: a la longue table du milieu,
 il n'y a plus de place, et deja on a mis les gueridons sur les cotes, entre les
 fenetres, et les deux filles sont rouges, a croire9 qu'elles ont des tomates
 mures sous leurs cheveux, et elles courent de la cuisine a la salle sans
 arreter, et la sauce brune coule le long de leurs bras (...). Sur la place, les
 colporteurs et les bazars ont monte des baraques de toile entre les tilleuls.
 .Et c'est repandu a seaux10 sous les tentes; des chapeaux, des pantoufles, des
 souliers, des vestes, des gros pantalons de velours, des poupees pour les
 enfants, des colliers de corail pour les filles, des casseroles et des "fait-
 tout"11 pour les menageres et des jouets et des pompons pour les tout-
 petits, et des sucettes12 pour les goulus du tete13 dont la maman ne peut pas
 se debarrasser. Et c'est bien pratique. Il y a des marchands a l'aune14 avec
 leur regle de bois un peu plus courte que mesure. "Et je vous ferai bonne
 longueur; venez donc!" H y a des bonbanneries, et les marchands de
 sucrerie et de friture avec des gamins colles contre, comme des mouches
 sur pot a miel; il y a celui qui vend des tisanes d'herbes et des petits livres
 ou tout le mal du corps est explique et gueri, et il y a, pres de la bascule a
 moutons, un manege de chevaux de bois bariole et grondeur qui tourne
 dans les arbres comme un bourdon.
  Et ca fait, dans la chaleur, du bruit et des cris a vous rendre sourds 15
 comme si on avait de l'eau dans les oreilles. Chez Agathange, on a laisse les
 portes du cafe ouvertes. Il en coule un ruisseau de fumee et de cris. Il y a la-
 dedans des gens qui ont dine de saucisson et de vin blanc autour des tables de
 marbre et qui discutent maintenant en bousculant les verres vides du poing et
 de la voix. Agathange n'en peut plus. II est sur ses pieds depuis ce matin. Pas
 une minute pour s'asseoir. Toujours en route de la cuisine au cafe et il faut
 passer entre les tables, entre les chaises. Voila celui-la du fond qui veut du
 vermouth maintenant. Val6 falloir descendre a la cave. Il est en bras de
 chemise: une belle chemise a fleurs rouges. Il a le beau pantalon et pas de
 faux col. Le faux col en celluloid est tout prepare sur la table de la cuisine a
 cote des tasses propres. Il y a aussi les deux boutons de fer et un n?ud de
 cravate tout fait, bien noir, bien neuf, achete de frais pour tout a l'heure*.
 JEAN GIONO. Regain (1930).
 30
 
 Примечания:
  1. La mauvaise annee (an ne se dit pas couramment dans ce sens). 2. Маленький
 городок. З. Кусочки мяса или овощей в тесте, жареные во фритюре. 4. Останав-
 ливаются на некоторое время. 5. Expression locale: cette annee que nous sommes en train
 de vivre. 6. Вытянутые, унылые лица. 7. Мясо, тушеное в белом вине с овощами и
 пряностями. 8. Приходится экономить. 9. Si bien qu'on croirait - Можно подумать,
 будто... 10. В огромных количествах (букв, ведрами). 11. Кастрюля с крышкой для
 приготовления любых блюд. 12. Леденцы на палочках. 13. Teter - сосать (материн-
 скую грудь или соску). Les goulus du tete - дети, которые никак не отучатся от соски.
 14. Локоть - старинная мера длины во Франции (ок. 1м 18 см). 15. См. прим. 7.
 Способные оглушить, оглушающие. 16. // va falloir (langue parlee).
 Вопросы:
  * Il y a bien des elements dans ce style composite. Montrez la place qu'y tiennent les
 tournures populaires. - - '. .
  EN LANGUEDOC:
 UZES ET SES ENVIRONS
 Terre brulee de soleil et infestee de bruyantes cigales: tel etait apparu le
 Languedoc au jeune Jean Racine, quand son oncle, le chanoine Sconin, l'avait
 appele pres de lui a Uzes. Au contraire, la charmante petite cite inspira
 a ANDRE GIDE, qui y vint tout enfant passer des vacances chez sa grand-mere
 paternelle, une immediate et durable sympathie.
  J'aimais passionnement la campagne aux environs d'Uzes, la vallee de la
 Fontaine d'Eure et, par-dessus tout, la garrigue1. Les premieres annees,
 Marie, ma bonne, accompagnait mes promenades (...).
  En continuant la route qui continue le Sarbonnet, un petit mamelon
 calcaire, au sortir de la ville on gagnait les pres verdoyants que baigne la
 Fontaine d'Eure. Les plus mouilles d'entre eux s'emaillaient au printemps
 de ces gracieux narcisses blancs dits "du poete", qu'on appelle la-bas des
 courbadonnes. Aucun Uzetien ne songeait a les cueillir, ni ne se serait
 derange pour les voir; de sorte que, dans ces pres toujours solitaires, il y en
 avait une extraordinaire profusion; l'air en etait embaume loin a la ronde;
 certains penchaient leur face au-dessus de l'eau, comme dans la fable que
 l'on m'avait apprise, et je ne voulais pas les cueillir; d'autres disparaissaient
 a demi dans l'herbe epaisse; mais le plus souvent, haut dresse sur sa tige,
 parmi le sombre gazon, chacun brillait comme une etoile. Marie, en bonne
 Suissesse, aimait les fleurs; nous en rapportions des brassees.
 31
 
  La Fontaine d'Eure est cette constante riviere que les Romains avaient
 captee et amenee jusqu'a Nimes par l'aqueduc fameux du Pont du Gard. La
 vallee ou elle coule, a demi cachee par des aulnes, en approchant d'Uzes,
 s'etrecit. О petite ville d'Uzes! Tu serais en Ombrie3 des touristes
 accourraient de Paris pour te voir! Sise au bord d'une roche dont le
 devalement brusque est occupe en partie parles ombreux jardins du duche,
 leurs grands arbres, tout en bas, abritent dans le lacis de leurs racines les
 ecrevisses de la riviere. Des terrasses de la Promenade ou du Jardin public,
 le regard, a travers les hauts micocouliers4 du duche, rejoint, de l'autre cote
 de l'etroite vallee, une roche plus abrupte encore, dechiquetee, creusee de
 grottes, avec des arcs, des aiguilles et des escarpements pareils a ceux des
 falaises marines; puis, au-dessus, la garrigue rauque, toute devastee de
 soleil.
  Marie, qui se plaignait sans cesse de ses cors" montrait peu d'enthousi-
 asme pour les sentiers raboteux de la garrigue; mais bientot enfin ma mere
 me laissa sortir seul et je pus escalader tout mon soul6.
  On traversait la riviere a la F on di Biau (je ne sais si j'ecris
 correctement ce qui veut dire, dans la langue de Mistral: fontaine aux
 b?ufs) apres avoir suivi quelque temps le bord de la roche, lisse et tout
 usee par les pas, puis descendu les degres tailles dans la roche. Qu'il etait
 beau de voir les lavandieres y poser lentement leurs pieds nus, le soir,
 lorsqu'elles remontaient du travail, toutes droites et la demarche comme
 ennoblie par cette charge de lin blanc qu'elles portaient, a la maniere
 antique, sur la tete. Et comme la "Fontaine d'Eure" etait le nom de la
 riviere, je ne suis pas certain que, de meme, ces mots "fon di biau"
 designassent precisement une fontaine: je revois un moulin, une metairie
 qu'ombrageaient d'immenses platanes; entre l'eau libre et l'eau qui
 travaillait au moulin, une sorte d'ilot, ou s'ebattait la basse-cour.
 A l'extreme pointe de cet ilot, je venais rever ou lire, juche sur le tronc d'un
 vieux saule et cache par ses branches, surveillant les jeux aventureux des
 canards, delicieusement assourdi par le ronflement de la meule, le fracas de
 l'eau dans la roue, les mille chuchotis de la riviere, et plus loin, ou lavaient
 les laveuses, le claquement rythme de leurs battoirs*.
  Mais le plus souvent.brulant7 la Fon di Biau, je gagnais en courant la
 garrigue, vers ou8 m'entrainait deja cet etrange amour de l'inhumain, de
 l'aride, qui, si longtemps, me fit preferer a l'oasis le desert. Les grands
 souffles secs, embaumes, l'aveuglante reverberation du soleil sur la roche
 nue sont enivrants comme le vin. Et combien m'amusait l'escalade des
 roches; la chasse aux mantes religieuses qu'on appelle la-bas des "prega-
 32
 
 Diou ", et dont les paquets d'?ufs, conglutines et pendus a quelque
 brindille, m'intriguaient si fort; la decouverte, sous les cailloux que je
 soulevais, des hideux scorpions, mille-pattes et scolopendres**!
  ANDRE GIDE. Si le grain ne meurt (1926).
 Примечания:
  1. Необрабатываемые, заросшие кустарником земли на склонах гор. 2. Имеется в
 виду миф о Нарциссе, прекрасном юноше, который, увидев свое отражение в воде,
 влюбился в него. Боги превратили его в цветок, носящий его имя. 3. Если бы ты был в
 Умбрии... - провинция в Италии, где родился св.Франциск Асизский. 4. Каменное
 или железное дерево, произрастающее на юге Франции. Достигает высоты 20 м.
 5. Ороговевший нарост на пальце ноги, причиняющий боль. 6. В свое удовольствие,
 вдосталь. 7. Не останавливаясь. 8, Lieu vers lequel... 9. Провансальское название бого-
 мола (насекомое). Французский эквивалент - Prie-Dieu.
 Вопросы.
  * On etudiera l'ait de la description dans tout ce paragraphe: attitudes des lavandieres;
 evocation de la faune et de la flore; bruits des eaux.
  ** Andre Gide a toujours eprouve un gout tres vif pour les sciences naturelles. Montrer
 comment ce penchant se manifeste ici.
 LA PASTORALE D'OSSAU
 La vallee d'Ossau, dans les Pyrenees, est un des lieux chers a FRANCIS JAMMES.
 Le poete, ne pres de Tarbes, a profondement subi l'influence de ces horizons ou
 la grandeur garde un caractere simple et humain. Temoin la gracieuse piece
 a laquelle il donne le nom de pastorale pour en marquer l'inspiration, toute
 champetre.
 En aout, a Laruns' pour la fete,
 Au vieux patre confiant ses betes,
 Le jeune berger descendra.
 Guetre de laine il dansera,
 Sa veste rouge sur le bras.
 Le fifre a tue-tete criera"
 Le tambourin bourdonnera.
 La belle fiancee aura
 Son capulet3 qui rougira
 Et son chale qui pointera
 33
 
 Et que la moisson ornera4.
 Sa paire de sabots luira.
 Sa robe se relevera
 Avec deux larges bandes bleues
 Comme d'un papillon a queue.
 Et son amoureux lui tiendra
 La main par le chanvre effilee5
 Au milieu du rondeau brillant
 Dont on dirait dans un torrent
 Des ailes d'oiseaux-bleus melees
 Aux fleurs des bles de la vallee.
 Sur le flanc terrible des monts
 Quelques granges apparaitront
 Comme des monceaux d'avalanche.
 La-haut, c'est Bielle et, sous les branches
 Du frene, un venerable toit

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