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 du choix. Pourquoi le mariage8 de l'une d'elles, mariage qui paraissait bien
 conclu, celui-la, a-t-il manque? Faute d'argent. C'est qu'en effet, madame,
 faute d'argent, les jeunes filles restent jeunes filles.
 MADAME VIGNERON
  Vous vous trompez. Je n'avais rien et mon mari non plus. Il m'a epousee
 cependant et nous avons ete tres heureux.
 BOURDON
  Vous avez eu quatre enfants, c'est vrai. Si votre mari, madame, etait
 encore de ce monde, il serait pour la premiere fois peut-etre en desaccord
 avec vous. C'est avec effroi qu'il envisagerait la situation de ses filles,
 situation, quoi que vous en pensiez, difficile et perilleuse. Il estimerait a
 son prix la proposition de M. Teissier, imparfaite, sans doute, mais plus
 qu'acceptable, rassurante pour le present (regardant Marie), eblouissante
 pour l'avenir. On ne risque rien, je le sais, en faisant parler les morts, mais
 le pere de mademoiselle, avec un c?ur excellent comme le votre, avait de
 plus l'experience qui vous fait defaut. Il connaissait la vie; sa pensee
 aujourd'hui serait celle-ci: j'ai vecu pour ma famille, je suis mort pour elle,
 ma fille peut bien lui sacrifier quelques annees.
  MARIE, les larmes aux yeux.
 Dites a M. Teissier que j'accepte*.
 Acte IV, se. VI.
 Примечания:
  1. Нотариус семьи Виньерон и одновременно эмиссар Тесье. 2. Замкнутый, скрыт-
 ный человек. В устах персонажа эта характеристика звучит достаточно лукаво. 3. Тя-
 жущиеся стороны в судебном процессе 4. Вклад, который муж делает в пользу жены
 на тот случай, если он умрет раньше ее 5 Имеется в виду брак, заключенный на ос-
 нове общности имущества, когда половина его принадлежит мужу, а вторая половина
 - жене 6. То есть без необходимости возвращать его по условиям брачного контрак-
 та. 7. Образное выражение, соответствующее русскому "тараканы в голове". 8. Свадь-
 ба Бланш не состоялась по настоянию матери жениха
 Вопросы:
 * Comment s'exprime, dans cette scene, le cynisme du personnagaf
 ** Etudiez les divers arguments employes par Bourdon pour parvenir a setfips-
 375
 
 PAUL CLAUDEL (1868-1954)
 IL serait vain de vouloir dissocier en PAUL CLAUDEL le poete et le dramaturge.
 Tous les deux expriment une meme vision de l'univers: une vision catholique^
 au sens total du terme, c'est-a-dire a la fois cosmique et chretienne.
 De toutes les pieces ou s'exprime cette fusion de la terre et du Ciel, du visible et
 de l'immateriel, il en est peu ou, plus que dans Partage de Midi, brule la haute
 poesie claudelienne.
  PARTAGE DE MIDI (1905)
 Amalric et Yse, apres une separation de dix ans, se retrouvent sur le font d'un paquebot
 au milieu de l'ocean Indien. Tous les deux evoquent alors le passe.
 AMALRIC
 Et cependant, Yse, Yse, Yse.
  Cette grande matinee eclatante quand nous nous sommes rencontres!
 Yse, ce froid dimanche eclatant, a dix heures sur la mer!
  Quel vent feroce il faisait dans le grand soleil! Comme cela sifflait et
 cinglait, et comme le dur mistral1 hersait2 l'eau cassee.
  Toute la mer levee sur elle-meme, tapante, claquante, ruante dans le
 soleil, detalant dans la tempete!
 C'est hier sous le clair de lune, dans le plus profond de la nuit
  Qu'enfin, engages dans le detroit de Sicile, ceux qui se reveillaient, se
 v redressant, effacant la vapeur sur le hublot1,
 Avaient retrouve l'Europe, tout enveloppee de neige, grande et grise,
 Sans voix, sans figure, les accueillant dans le sommeil.
  Et ce clair jour de l'Epiphanie4, nous laissions a notre droite, derriere
 nous,
  La Corse, toute blanche, toute radieuse, comme une mariee dans la
 matinee carillonnante!
  Yse, vous reveniez d'Egypte, et, moi je ressortais du bout du monde, du
 fond de la mer,
  Ayant bu mon premier grand coup de la vie et ne rapportant dans ma
 poche
 Rien d'autre qu'un poing dur et- des doigts sachant maintenant compter.
 Alors un coup de vent comme une claque
  Fit sauter tous vos peignes et le tas de vos cheveux me partit dans la
 figure!
 376
 
 Voila la grande jeune fille
 Qui se retourne en riant; elle me regarde et je la regardai.
  YSE
 Je me rappelle ! vous laissiez pousser votre barbe a ce moment, elle etait
 roide comme une etrille" !
 Comme j'etais forte et joyeuse a ce moment! comme je riais bien!
 comme je me tenais bien! Et comme j'etais jolie aussi!
 Et puis la vie est venue, les enfants sont venus,
 Et maintenant vous voyez comme me voila reduite et obeissante
 Comme un vieux cheval blanc qui suit la main qui le tire,
 Remuant ses quatre pieds l'un apres l'autre*.
 Acte I.
 Примечания:
  1. Сильный ветер, дующий на юге Франции. 2. Боронит - от сельскохозяйствен-
 ного орудия "борона". 3. Иллюминатор. 4. Христианский праздник: в этот день цари-
 волхвы пришли на поклонение к младенцу Христу. 5 Скребница, которой чистят ло-
 шадей
 Вопросы:
  * Relevez et etudiez les images contenues dans ce texte. Quelle idee peuvent-elles
 donner du lyrisme claudehea?
 JEAN GIRAUDOUX (1882-1944)
 C 'AURA ete l'un des principaux merites de JEAN GIRAUDOUX que de ressusciter
 quelques-uns des grands mythes de l'Antiquite. Non point qu'il les traite a
 l'imitation des classiques, pour fuir les problemes de l'epoque: au contraire, il
 les repense en homme du XXe siecle et trouve dans l'actualite un des moyens
 les plus surs pour eclairer d'un 'jour nouveau des questions eternelles.
 Ainsi cette Guerre de Troie, qu'Hector et Ulysse tentent desesperement
 d'empecher: elle ressemble beaucoup moins au conflit depeint dans l'epopee
 homerique qu'a ces conflagrations absurdes qui ont embrase notre epoque
 malgre tant de loyaux efforts pour les conjurer... Mais l'art de Giraudoux traite
 ces graves problemes d'une touche si legere qu'on n'en sent pas toujours le
 pathetique.
 .377
 
 LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU (1935)
 HECTOR
  Eh bien, le sort en est jete, Ulysse! Va pour la guerre1 ! A mesure que j'ai
 plus de haine pour elle, il me vient d'ailleurs un desir plus incoercible2 de
 tuer... Partez, puisque vous me refusez votre aide...
 ULYSSE
  Comprenez-moi, Hector!.. Mon aide vous est acquise. Ne m'en veuillez
 pas d'interpreter le sort. J'ai seulement voulu lire dans ces grandes lignes
 que sont, sur l'univers, les voies des caravanes, les chemins des navires, le
 trace des grues volantes et des races. Donnez-moi votre main. Elle aussi
 a ses lignes. Mais ne cherchons pas si leur lecon est la meme. Admettons
 que les- trois petites rides au fond de la main d'Hector disent le contraire de
 ce qu'assurent les fleuves, les vols et les sillages. Je suis curieux de nature,
 et je n'ai pas peur. Je veux bien aller contre le sort. J'accepte Helene. Je la
 rendrai a Menelas. Je possede beaucoup plus d'eloquence qu'il n'en faut
 pour faire croire un mari a la vertu de sa femme. J'amenerai meme Helene
 a y croire elle-meme. Et je pars a l'instant, pour eviter toute surprise. Une
 fois au navire, peut-etre risquons-nous de dejouer la guerre.
  HECTOR
 Est-ce la la ruse d'Ulysse, ou sa grandeur?
 ULYSSE
  Je ruse en ce moment contre le destin, non contre vous. C'est un premier
 essai, et j'y ai plus de merite. Je suis sincere, Hector... Si je voulais la
 guerre, je ne demanderais pas Helene, mais une rancon qui vous est plus
 chere... Je pars... Mais je ne peux me defendre de l'impression qu'il est bien
 long, le chemin qui va de cette place a mon navire.
 HECTOR
 Ma garde vous escorte.
 ULYSSE
  II est long comme le parcours officiel des rois en visite quand l'attentat
 menace... Ou se cachent les conjures? Heureux nous sommes, si ce n'est
 pas dans le ciel meme... Et le chemin d'ici a ce coin du palais est long... Et
 long mon premier pas... Comment va-t-il se faire, mon premier pas, entre
 tous ces perils?.. Vais-je glisser et me tuer?.. Une corniche va-t-elle
 s'effondrer sur moi de cet angle? Tout est maconnerie neuve ici, et j'attends
 378
 
 la pierre croulante*... Du courage... Allons-y.
 (Il fait un premier pas.)
  HECTOR
 Merci, Ulysse.
  ULYSSE
 Le premier pas... Il en reste combien?
  HECTOR
 Quatre cent soixante.
  ULYSSE
 Au second! Vous savez ce qui me decide a partir, Hector...
  HECTOR
 Je le sais. La noblesse.
 ULYSSE
  Pas precisement... Andromaque a le meme battement de cils que
 Penelope3.
 Acte II, se. XIII.
 Примечания:
  1. Expression familiere: d'accord, pour la guerre! - "Ну что ж, война так война" или
 "Пусть будет война!". 2. Неукротимое. 3. Пенелопа - жена Улисса, двадцать лет
 ждавшая его возвращения с Троянской войны..
 Вопросы:
 * Comment Giraudoux exprime-t-il ici l'idee que la guerre est une fatalite?
 JULES ROMAINS (ne en 1885)
 Si le romancier des Hommes de Bonne Volonte laisse un heritage digne de
 Balzac, l'auteur de Knock peut revendiquer l'honneur d'avoir cree un type aussi
 vivant, aussi necessaire que Tartuffe ou M. Jourdain: symbole a la fois de
 l'esprit d'entreprise, du genie publicitaire et surtout des grands animateurs
 379
 
 qui, imposant aux foules une conscience collective*, les poussent ou ils veulent
 pour le bien - ou le mal.
 KNOCK(1924)
  Knock recoit le docteur Parpalaid, a qui il a succede comme medecin dans une pente
 ville de province. Il lui indique comment il a procede pour donner a sa clientele une exten-
 sion prodigieuse.
 KNOCK, souriant. - Regardez ceci: c'est joli, n'est-ce pas?
  LE DOCTEUR. - On dirait une carte du canton1. Mais que signifient tous
 ces points rouges?
  KNOCK. - C'est la carte de la penetration medicale. Chaque point rouge
 indique l'emplacement d'un malade regulier. Il y a un mois, vous auriez vu
 ici une enorme tache grise: la tache de Chabrieres.
 LE DOCTEUR. - Plait-il2?
  KNOCK. - Oui, du nom du hameau qui en formait le centre. Mon effort
 des dernieres semaines a porte principalement la-dessus. Aujourd'hui, la
 tache n'a pas disparu, mais elle est morcelee. N'est-ce pas? On la remarque
 a peine. (Silence.)
  LE DOCTEUR. - ... Vous etes un homme etonnant. D'autres que moi se
 retiendraient peut-etre de vous le dire: ils le penseraient. Ou alors, ils ne
 seraient pas des medecins. Mais me permettez-vous de me poser une
 question tout haut?.. Vous allez dire que je donne dans le rigorisme . Mais
 , est-ce que, dans votre methode, l'interet du malade n'est pas un peu
 subordonne a l'interet du medecin?
  KNOCK. - Docteur Parpalaid, vous oubliez qu'il y a un interet superieur
 a ces deux-la.
 LE DOCTEUR. - Lequel?
 KNOCK. - Celui de la medecine. C'est le seul dont je me preoccupe.
 (Silence. Parpalaid medite.)
 LE DOCTEUR. - Oui, oui, oui.
  (Des ce moment, et jusqu'a la fin de la piece, l'eclairage de la scene
 prend peu a peu les caracteres de la Lumiere Medicale, qui, on le sait, est
 plus riche en rayons verts et violets que la simple Lumiere Terrestre.)
  KNOCK. - Vous me donnez un canton peuple de quelques milliers
 d'individus neutres, indetermines. Mon role, c'est de les determiner, de les
 380
 
 amener a l'existence medicale. Je les mets au lit et je regarde ce qui va
 pouvoir en sortir: un tuberculeux, un nevropathe4, 'un arteriosclereux5 ce
 qu'on voudra, mais quelqu'un, bon Dieu! quelqu'un! Rien ne m'agace
 comme cet etre ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien
 portant**.
 LE DOCTEUR. - Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au
 lit!
  KNOCK. - Cela se discuterait. Car j'ai connu, moi, cinq personnes dela
 meme famille, malades toutes a la fois, au lit toutes a la fois, et qui se
 debrouillaient fort bien. Votre objection me fait penser a ces fameux
 economistes qui pretendaient qu'une grande guerre moderne ne pourrait pas
 durer plus de six semaines. La verite, c'est que nous manquons tous
 d'audace, que personne, pas meme moi, n'osera aller jusqu'au bout et mettre
 toute une population au lit, pour voir, pour voir! Mais soit! je vous
 accorderai qu'il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner
 les autres, ou former, a l'arriere des malades en activite, une espece de
 reserve6 Ce que je n'aime pas, c'est que la sante prenne des airs de
 provocation, car, alors, vous avouerez que c'est excessif. Nous fermons les
 yeux sur un certain nombre de cas, nous laissons a un certain nombre de
 gens leur masque de prosperite. Mais s'ils viennent ensuite se pavaner7
 devant nous et nous faire la nique8, je me fache. C'est arrive ici pour M.
 Raffalens.
  LE DOCTEUR. - Ah! le colosse9? Celui qui se vante de porter sa belle-
 mere a bras tendu?
 KNOCK. - Oui. Il m'a defie pres de trois mois... Mais ca y est.
 LE DOCTEUR. - Quoi?
  KNOCK. - II est au lit. Ses vantardises commencaient a affaiblir l'esprit
 medical de la population***.
 Acte III, se. VI.
 Примечания:
  1. Кантон - административно-территориальная единица, в состав которой входит
 несколько коммун. 2. Que voulez-vous dire, s'il vous plait? 3. Ригоризм, строгое соблю-
 дение нравственных принципов или правил поведения. 4. Невропат. 5. Склеротик.
 6. Резервы. 7. Держаться, как человек, танцующий павану, т.е. гордо, высокомерно.
 8. Посмеиваться, насмехаться. 9. Колосс.
 381
 
 Вопросы:
 * Jules Romains est le poete de Vunanimisme, qu'illustre son ?uvre entiere.
  ** Knoch obeit-il ici seulement a l'esprit de lucre? N'est-il pas egalement victime d'une
 sorte de deformation professionnelle?
  *** En quoi consiste la satire contenue dans cette scene? - Montrez que Knock n'est
 pas une simple tpiice sur les medecins", que le personnage auraUpuprosperer dans les
 affaires, la politique, efc.
 EDOUARD BOURDET (1887 1944)
 Avant d'etre nomme, en 1936, administrateur de la Comedie-Francaise et d'y
 introduire un souffle nouveau en faisant appel a des metteurs en scene comme
 Dullin, Copeau, Jouvet, Pitoeff, EDOUARD BOURDET s'etait signale comme un
 des plus solides auteurs dramatiques de 1'entre-deux-guerres.
 S'attaquant sans reserve aux m?urs de son epoque, il en a fait une satire
 vigoureuse qui s'est exprimee dans une douzaine de pieces. La plus celebre de
 toutes depeint les ravages exerces par l'argent dans la haute bourgeoisie
 d'affaires, quand celle-ci, touchee par une crise economique, traverse ce que
 l'auteur appelle, non sans humour, des Temps difficiles.
 LES TEMPS DIFFICILES (1934)
  Milanie Laroche, veuve d'un grand industriel, se trouve brusquement ruinee pour
 n'avoir pas suffisamment surveille ses affaires depuis la mort de son mari. Elle subit les
 reproches de Jerome, son beau-frere, qu'elle a entraine dans sa ruine.
  MELANIE
 Je suppose qu'on ne nous laissera pas mourir de faim.
  JEROME
 Qui: on?
 MELANIE
  Eh bien, je ne sais pas, moi: les creanciers... Quand ils verront que j'ai
 donne tout ce que j'avais' et qu'il ne me reste plus rien...
  JEROME
 Qu'est-ce que vous imaginez? Qu'ils vont vous servir une rente?
  MELANIE
 Enfin, quelque chose comme ca... non?
 382
 
 JEROME
  Ah! peut-etre bien... Et puis peut-etre aussi que le gouvernement ouvrira
 pour vous une souscription nationale et qu'on mettra votre buste au
 Pantheon2 Qui sait...
 MELANIE
  Ne vous moquez pas de moi, Jerome! Je me rends compte que vous
 n'approuvez pas ma decision , et je le regrette, mais, que voulez-vous!.. Je
 me suis demande, avant de la prendre, ce que mon mari ou l'un de ses
 predecesseurs auraient fait en pareille circonstance et je suis arrivee a la
 conviction qu'ils auraient agi exactement comme je le fais.
  JEROME
 Ah? Vous croyez?
 MELANIE
  Je le crois, oui. Et Berlin4 aussi le croit. Il m'a dit qu'un geste comme
 celui-la etait tout a fait dans la tradition des Laroche.
  JEROME
 Il vous a dit ca?
  MELANIE
 Oui.
  JEROME
 C'est monstrueux!..

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