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Que fais-tu? Qu'est-ce que tu fais? [Dis-moil ce que tu fais.LA FETE DE PAQUES A PARIS
Le printemps parisien a quelque chose de delicieux; on ne saurait
expliquer precisement ce qui en fait le charme; sont-ce les bourgeons
(m.) qui s'entrouvrent sur les marronniers du jardin du Luxembourg et
sur les peupliers des bords de la Seine? ou bien les couleurs claires des
robes printanieres qu'ont mises les Parisiennes? Je ne sais a quoi cela
tient\ mais il y a de la joie dans l'air. La fete de Paques est proche: aux
vitrines (f.) des confiseurs (m.) s'alignent les ?ufs et les poissons de
chocolat ou les cloches ornees de rubans roses, bleus, blancs... - Mais
pourquoi ces cloches? - Eh bien! quand les petits enfants de France
demandent qui apporte les bonbons (m.) et les sucreries (f.) de Paques,
voici l'histoire qu'on leur raconte: "Les cloches des eglises restent
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silencieuses du Jeudi saint au Samedi saint, veille (f.) de Paques, car
elles se sont envolees vers Rome pour se faire benir3; quand elles en
reviennent, elles rapportent mille bonnes choses (f.), qu'elles laissent
tomber du ciel". C'est cette legende que rappellent les cloches de
chocolat... Mais les grandes personnes ne dedaignent pas non plus les
cadeaux (m.): elles sont curieuses de savoir ce qu'on va leur offrir pour
Paques; elles se demandent quelle bonne surprise on leur a preparee.
Примечания:
1. В чем причина, какая тут причина.
2. Все дышит радостью, в воздухе разлита радость.
3. Чтобы получить там благословение. Benir; la benediction; le benitier contient
de l'eau benite.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Объясните значение следующих слов: le charme? des robes printanieres? un
confiseur? des sucreries? une legende? un cadeau ?
II) Напишите следующие предложения в вопросительной форме (прямой
вопрос). Напр.; Le printemps parisien a quelque chose de delicieux: - Le printemps
parisien a-t-il quelque chose de delicieux?) // y a de la joie dans l'air. - La fete de
Paques est proche. - Les cloches se sont envolees vers Rome.- Elles ont rapporte de
bonnes choses. - Elles les laissent tomber du ciel. - Les grandes personnes ne
dedaignent pas les cadeaux. - On va m'offrir un cadeau pour Paques. - C'est sur.
III) Найдите в тексте 5 предложений, содержащих косвенный вопрос, и
перепишите их в форме прямого вопроса: (Напр.: "Je me demande ce qu'il a fait" =
Qu'a-t-il fait?)
IV) Переведите прямой вопрос в косвенный. Начните предложение словами:
Nous aimerions savoir, или Je vous demande, или используйте другие выражения,
по своему выбору: Qui est venu? - Qui est ce monsieur? (сохраните инверсию
существительного) - Qui est-ce? (без инверсии местоимения) - Qui sont ces
messieurs? - Qui sont-ils? - Qui etes-vous ? - Qui avons-nous rencontre- Qui
rencontrerons-nous? - Qui appelle-t-on? - Qui a-t-on appele? - A qui as-tu prete ta
bicyclette? - A qui ton frere a-t-il ecrit? - A quoi travailles-tu/ - A quoi as-tu
travaille? - A quoi t'es-tu occupe? - Avec quoi abat-on les arbres? - Avec quoi
avez-vous peche ce poisson? - Que desires-tu? - Que desire ton ami? - A qui M.
Vincent a-t-il demande son chemin? - Avec qui a-t-il fait le voyage? - De quoi
parliez-vous? - Quelle est ton adresse? - Dans quelle maison habites-tu? - Quels
sont tes amis? - Quels sont-ils?
V) Переведите прямой вопрос в косвенный. Начните предложение словами:
Nous voudrions savoir, или Dites-moi, или используйте другие выражения,
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по своему выбору: Qu'est-ce que vous dites? - Qui est-ce qui est venu? - Qu'est-ce
qui fait ce bruit? - Qui est-ce qui fait ce bruit? - Qu'est-ce qui sent si bon? -
Qu'est-ce qui est arrive? - Qui est-ce qui est arrive? - Qu'est-il arrive? - Que
racontiez-vous? - Qu'a-t-il? - Qu'ont-ils vu? - Qui ont-ils vu? - Qui apercevez-
vous? - Qu'apercevez-vous?
VI) Выпишите из текста все наречия и определите, к какому разряду они
относятся.
VII) Поставьте глаголы в скобках в соответствующее время subjonctif: Je ne
savais pas que le printemps parisien (etre) si delicieux. - Je ne crois pas que la fele de
Paques (etre) proche. - Je ne croyais pas que la fete de Paques (etre) proche. - Je
veux que mon pere (avoir) une bonne surprise. - Je voulais que mon pere (avoir) une
bonne surprise.
VIII) Преобразуйте два простых предложения в одно сложное предложение
с придаточным условия (phrase conditionnelles): Tu es alle a Vichy; tu as ete gueri
- J'ai mal au foie: j'irai faire une cure. - M. Vincent a eu deux pneus creves; il a du
passer la nuit dans le village. - Helene est sage; les cloches lui rapportent des ?ufs en
sucre et des ?ufs en chocolat.
IX) Расскажите о том, как отмечается праздник Пасхи в вашей стране.
УРОК 51
ГРАММАТИКА
Вопросительные наречия в косвенном вопросе
(Прямой вопрос) (Косвенный вопрос) Ou allez-vous?
Comment partirez-vous?
Quand partirez-vous? Dites-moi ou vous allez.
Dites-moi comment vous partirez.
Dites-moi quand vous partirez. Est-ce que vous partez?
= Partez-vous? Dites-moi si vous partez,
(вопрос к глаголу) Вопросительные местоимения те же, что и в прямом вопросе. Но, если
вопрос ставится к глаголу, то вместо оборота EST-CE QUE или инверсии
следует употреблять наречие si (если).
//- Косвенный вопрос и инверсия подлежащего
(а) Когда подлежащим является местоимение: je, tu, il (elle), nous,
vous, ils (elles); - ce; - on, инверсия [никогда] не делается: Dis-moi a qui
tu parles, quand il partira.
(б) Когда подлежащим является существительное, то:
(1) [возможна] инверсия с quand, comment, combien, ou, ce que:
Dis-moi ou va ton pere, ou ton pere va; ce que fait ton pere, ce que ton pere fait.
(2) С si, pourquoi, инверсия [никогда] не делается:
Dis-moi si ton pere viendra, pourquoi ton pere viendra (см. Урок 49).
Примечание: С вопросительным si возможно употребление Futur, в огличие
от "-условного союза, после которого употребление Futur невозможно:
S'il vient demain, je le recevrai - (см. Урок 34).
DEUIL (m.) CHEZ LES LEGRAND
Madame Legrand vient de perdre sa mere. Jusqu'a l'hiver dernier,
cette vieille dame avait joui d'une belle vieillesse'; mais il y a un mois,
elle a eu une mauvaise grippe, son etat (m.) s'est vite aggrave et.
malgre les soins (m.) de sa fille et le traitement energique de son
medecin, elle est morte, heureusement sans souffrance (f.).
Madame Legrand est tres abattue; mais la douce Madame Vincent
lui fait du bien. Elle vient voir sa pauvre amie autant qu'elle le peut, elle
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lui temoigne sa sympathie avec delicatesse et elle est toujours prete
a rendre service (m.).
"Dites-moi si je puis faire quelque chose pour vous2. Avez-vous une
robe noire pour la ceremonie de demain? - Oui; j'en ai achete une
dans un Grand Magasin. Je vais faire teindre*3 mes autres vetements.
J'aurai ainsi ce qu'il me faut pour porter le deuil de ma mere. -
Voulez-vous que j'aille commander les fleurs? Indiquez-moi seulement
ou je dois m'adresser et ce qu'il faut commander: une gerbe? une
couronne? - Je prefere une grande croix que l'on posera sur le
cercueil. Notre fleuriste saura la composer avec gout. J'aimerais du
lilas et des tulipes (f.) roses. Vous etes gentille d'y aller pour moi,
merci. - Mettrez-vous une annonce dans les journaux? Enverrez-vous
des faire-part (m.)4? - Non, l'enterrement (m.) se fera dans
l'intimite. Notre famille proche viendra avec nous a l'eglise Saint-Roch.
ou le service funebre aura lieu a 10 heures. Puis, mon mari et moi,
nous accompagnerons le cercueil jusqu'en Champagne: Maman sera
enterree dans notre caveau de famille. Nous enverrons les faire-part
seulement apres cette penible journee".
On sonne: c'est un telegramme de condoleances (f.) envoye par des
amis lointains.
Примечания:
1. Старость ее была безоблачной, т.е. у нее было хорошее здоровье. I
2. Могу ли я что-нибудь сделать для вас; чем-то вам помочь.
3. Перекрасить. Teindre, la teinture, le teinturier, la teinturiere...
4. Оповещения. Nom compose invariable.
*Le veuf, la veuve, l'orphelin, l'orpheline = Вдовец, вдова, сирота.
** Verbe teindre: se conjugue comme eteindre.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Найдите в тексте и выпишите все вопросительные предложения Распреде-
лите их по группам: прямой вопрос; косвенный вопрос.
II) Используйте вопросительные предложения из упражнения 1) и переведите
прямой вопрос в косвенный и наоборот. (Напр.: (a) Viendras-tu? = Je me demande
si tu viendras; (6) Dis-moi ce que je dois faire = que dois-je faire ?)
III) Переведите прямой вопрос в косвенный- Ou allez-vous0 - D'ou sont-ils
venus? - Par ou etes-vous passes? - Quand reviendrons-nous? - Depuis quand
sont-elles parties? - Pendant combien de temps resterez-vous en France? - Pour
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combien de temps s'en va-t-il? - Combien de valises emporte-t-il? - Combien y a-t-il
de ponts dans Paris? - Combien de theatres y a-t-il? - Ou peut-on entendre de la
belle musique? - Ou joue-t-on des pieces du theatre classique? - Pourquoi es-tu
revenu si vite? -- Comment as-tu voyage?
IV) (a) Преобразуйте простую инверсию в сложную. Напр.: Ou vivent tes
parents? = Ou tes parents vivent-ils?) Ou travaille ton pere? - Ou sont alles mes
parents? - Par ou est passe M. Vincent? - Quand repartiront les voyageurs?
Quand a ete batie cette maison? - Comment se portent vos amis? - Combien d'autos
fabrique cette usine?
(б) Используйте вопросительные предложения из задания (а) и переведите
прямой вопрос в косвенный. (Напр.: Ou vivent tes parents ? -1) Dis-moi ou vivent
tes parents; 2) Dis-moi ou tes parents vivent.)
V) (a) Преобразуйте данные ниже предложения и напишите: 1) с est-ce que
предложения, содержащие инверсию подлежащего; 2) с инверсией, предложения,
содержащие оборот "est-ce que". (Напр.: Pleut-il? = Est-ce qu'il pleut?) Pleut-il? -
Fait-il beau? - Est-ce qu'il y a de l'orage dans l'air? - Y a-t-il des nuages? - Est-ce
qu'il a plu? -Viendrez-vous? - Partiront-ils? - Vous etes-vous bien amuses?
Avez-vous compris? - Est-ce que tu t'es promene ce matin? - Est-ce qu'elles se sont
mises en retard? - Faut-il preparer les bagages? - La France est-elle un pays
interessant? - Est-ce qu'on s'ennuie en France? (б) Используйте вопросительные
предложения из задания (а) и переведите прямой вопрос в косвенный.
VI) Переведите прямой вопрос в косвенный: Qui est-ce qui a telephone? -
Que dis-tu? - A qui ecrivez-vous? - Que fait-il? - Qu'est-ce que vous avez dit? -
Qui demandes-tu? - Que demandes-tu? - Qu'est-ce que vous avez demande? - Avec
quoi joues-tu? - A quoi pensent-ils? - Qui est-ce que tu inviteras?
ТЕКСТЫ ДЛЯ ЧТЕНИЯ: УРОКИ 47 - 51
UNE GREVE
Je venais de passer mon certificat1 quand ma mere tomba malade. Elle
etait malade de la maladie des pauvres: elle avait une bronchite. Elle s'alita
en novembre et de tout l'hiver2 ne put travailler. Elle resta donc a la maison,
et les voisins, mon pere, moi-meme, nous la soignames de notre mieux. Les
economies furent vite depensees. Le premier mois, tout y passa3. Mon pere
travaillait de toutes ses forces. Je l'aidais. Je me souviens comme d'hier de
ces soirs de decembre. Ma mere toussait au fond de son lit, avait grand-
peine a garder son souffle. Nous travaillions au bahut sous la lampe. Je
battais les semelles4 mouillees. Mon pere enfoncait les semences, cogne,
cogneras-tu5... Il fallut par surcroit de malheur qu'une greve eclatat dans
l'usine ou travaillait mon pere. Il essaya, pendant quelques jours, de le
cacher. Le matin, il faisait semblant "d'aller a la boutique", comme
a l'habitude, et rentrait une demi-heure apres, disant qu'il n'y avait pas
d'ouvrage. Du fond de son lit ma mere gemissait:
"Mais qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce qu'on va devenir?"6
Bientot il n'y eut plus d'argent. J'allai chez le boulanger chercher un
pain de six livres.
"As-tu de l'argent? me dit-il. Ouvre tes mains et donne-moi dix-sept
sous".
Mes mains etaient vides. Je revins a la maison sans pain. Ma mere
me dit que c'etait bien ainsi, que le pain qu'on n'avait pas paye ne passait
pas. Alors il fallut bien lui avouer la verite. Ce fut une terrible scene.
Ma mere se leva, se peigna, s'habilla, sans dire un mot: elle etait
blanche comme cire. Et la voila partie a la fabrique.
"Puisque les hommes ne veulent pas travailler, je vais travailler,
moi", nous lanca-t-elle sur la porte.
Mon pere n'avait rien a repondre. Il n'essaya pas de la retenir. Je
sanglotais, la tete dans les mains. Mon pere, le visage crispe, devant la
fenetre, regardait tomber la pluie...
Ma mere n'alla pas loin. J'avais couru apres elle. Elle marchait vite.
Je ne sais quoi7 la soutenait. Et tout d'un coup, a une centaine de metres
de moi, elle chancela, et prise d'une faiblesse tomba dans la boue. Des
gens qui passaient m'aiderent a la relever et a la ramener a la maison.
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Elle n'etait plus en colere; elle gemissait doucement en s'appuyant sur
mon epaule. Mon pere, quand nous rentrames, n'avait pas quitte la
fenetre. Il aida ma mere a se recoucher.
L'apres-midi fut longue et triste. Je n'allai pas a l'ecole. Je pelai et je fis
bouillir des chataignes pour le soir. Il faisait sombre. Le ciel dehors etait
bas. Vers cinq heures, il faisait nuit noire, mais par economie nous n'avions
pas allume la lampe. Mon pere etait assis pres du poele, il se leva soudain,
prit sa toilette8 dans le tiroir du bahut et sortit. Il rentra une heure apres, jeta
sa toilette pleine sur la table et nous dit avec une sorte de haine: "Tenez,
vous en voulez de l'ouvrage... En voila". Oui, je crois qu'il nous haissait en
ce moment-la, parce que nous l'avions oblige a se deshonorer. Nous
travaillames tard dans la nuit. Comme j'assouplissais le cuir en le battant,
mon pere me commanda de frapper moins fort, comme s'il eut craint qu'on
entendit chez les voisins Je bruit de ce travail sans honneur.
Le lendemain, j'allai a l'ecole. J'etais inquiet. A onze heures et
demie, je revins en courant. Mon pere travaillait au bahut. Je preparais
le diner, quand on entendit dans l'escalier des pas et des chuchotements.
Puis, brusquement, quelqu'un frappa a la porte. Le temps de jeter la
toilette par-dessus le bahut et l'ouvrage en train9, et mon pere
commanda d'entrer. Trois camarades de mon pere entrerent. Je les
connaissais bien. Le plus jeune des trois, un petit boiteux, prit la parole:
"Jean, on nous a dit que tu avais pris de l'ouvrage a la fabrique. On n'a pas
voulu le croire, nous autres, et alors, on est venu te demander si c'etait vrai".
Mon pere baissait la tete, ne repondait pas. Ma mere du fond de son lit
cria: "Allez-vous-en. Vous n'avez pas honte? On ne vous a rien
demande. Est-ce que vous ne pouvez pas laisser les pauvres gens
souffrir en paix?"
Le boiteux voulut tirer la toilette, mais mon pere, d'un geste, lui defendit
d'approcher. Ce fut lui-meme qui enleva la toilette et decouvrit l'ouvrage.
"C'est vrai, dit-il, j'ai pris une livraison hier soir. Vous voyez bien
que ma femme est malade, je ne pouvais pas faire autrement".
Alors ce furent des cris, des injures: "Lache, vendu!"
Le pere Portelette, lui, ne cessait de repeter: "Jean, on n'aurait jamais
cru cela de toi !" Et ces paroles, plus que toutes les injures, emurent mon
pere. Quand ils furent sortis, mon pere ramassa l'ouvrage commence et
dit a ma mere qu'il ne l'acheverait pas.
D'apres J. GUEHENNO, Journal d'un homme de quarante ans.
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Примечания;
1. Свидетельство об окончании начальной школы, которую обычно кончают
в двенадцать лет.
2. Pendant tout l'hiver. - De ma vie, je n'ai vu des gens aussi pauvres = Pendant
toute ma vie...
3. Все кончились, были потрачены. Nous y passerons tous = Nous mourrons
tous. Le temps passe vite = Le temps s'ecoule vite.
4. Я отбивал (деревянным молотком) подметки, чтобы они стали гибкими
(проф.) Не путать с: Je bats la semelle = Я постукивал ногами по земле, чтобы
согреться.
5. Expression familiere qui traduit l'acharnement au travail.
6. = Qu'est-ce que nous allons devenir? Emploi familier de on, remplacant nous.
On est parti a cinq heures = Nous sommes partis a cinq heures.
7. Quelque chose que je ne connais pas. "Je ne sais qui, je ne sais quoi, je ne sais
ou" forment des expressions comme "n'importe qui, n'importe quoi...".
8. Кусок холстины, в который сапожники и портные заворачивают свой товар.
9. On est en train de faire l'ouvrage; l'ouvrage est donc en train. - La toilette est
jetee sur les souliers pour les cacher.
UN JOUR DE PAQUES AGITE
ou: TREIZE1 A TABLE
"Monsieur Poum2! votre maman vous appelle".
Pauline jette ces mots dans l'entrebaillement de la porte et disparait.
Poum file le long du corridor. Elle n'aurait pas l'audace de lui faire
reciter sa table de multiplication, un jour de Paques? Serait-ce pour
s'informer - bien curieux, vraiment! - si Poum a recopie sa dictee? Il
n'est pas rassure. Des eclats de voix lui parviennent: son pere et sa mere
sont aux prises3.
"Impossible d'etre treize, dit maman.
- Il est trop tard pour inviter un quatorzieme", dit papa.
Poum entre en coup de vent: son arrivee tranche le differend.
"Poum, dit papa, tu dineras ce soir a table pour faire le quatorzieme.
- Et tu ne mettras pas les coudes sur la nappe.
- Et tu ne donneras pas de coup de pied a ton voisin, M. Gourd, ni a
ta voisine, Mme de Falcord".
Poum reste ebloui, comme si la nappe et les cristaux, son argenterie, les
flammes du lustre l'aveuglaient. Puis un immense orgueil le sureleve.
"J'aurai des petits verres comme tout le monde, implore-t-il.
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- Oui, mais on ne te mettra rien dedans".
Ca lui est egal, du moment qu'il a le jeu d'orgues4 en cristal, les trois
verres par rang de taille et la flute5 a Champagne.
"Je mangerai de tout, suggere-t-il.
- Prudemment, Poum, prudemment. Tu n'auras pas de poisson
parce qu'il y a beaucoup d'aretes, et pas d'asperges, parce que ca
t'echauffe. Ne demande pas de foie gras non plus, c'est trop lourd.
- Oh! maman!"
Il se trainerait a ses genoux, il ferait des bassesses. Du foie gras, oh!
une bouchee, une bouchee et mourir6!
"Alors un soupcon7.