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 part du "c?ur" et aboutit a Dieu. Pensee mystique, si l'on veut: mais il y a un
 mysticisme francais, comme il y a une libre pensee francaise.
 DIEU SENSIBLE AU C?UR
  C'est le c?ur qui sent Dieu, et non la raison; voila ce que c'est que la
 foi: Dieu sensible au c?ur, non a la raison.
  Le c?ur a ses raisons, que la raison ne connait point; on le sait en mille
 choses. Je dis que le c?ur aime l'Etre universel naturellement, et soi-meme
 naturellement, selon qu'il s'y adonne1 et il se durcit contre l'un ou l'autre, a
 son choix. Vous avez rejete l'un et conserve l'autre: est-ce par raison que
 vous vous aimez?
  Nous connaissons la verite, non seulement par la raison, mais encore
 par le c?ur; c'est de cette derniere sorte que nous connaissons les premiers
 principes, et c'est en vain que le raisonnement, qui n'y a point de part,
 essaie de les combattre. Les pyrrhoniens2 qui n'ont que cela3 pour objet, y
 travaillent inutilement. Nous savons que nous ne revons point; quelque
 impuissance ou nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne
 conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas
 l'incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le pretendent. Car la
 connaissance des premiers principes, comme4 qu'il y a espace, temps,
 mouvement, nombres, est aussi ferme qu'aucune de celles que nos
 401
 
  raisonnements nous donnent. Et c'est sur ces connaissances du. c?ur et de
 l'instinct qu'il faut que la raison s'appuie, et qu'elle y fonde tout son
 discours. Le c?ur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace, et que les
 nombres sont infinis; et la raison demontre ensuite qu'il n'y a point deux
 nombres carres dont l'un soit double de l'autre. Les principes se sentent, les
 propositions se concluent; et le tout avec certitude, quoique par differentes
 voies. Et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au c?ur
 des preuves de ces premiers principes, pour vouloir y consentir, qu'il serait
 ridicule que le c?ur demandat a la raison un sentiment5 de toutes les
 propositions qu'elle demontre, pour vouloir les recevoir.
  Cette impuissance ne doit donc servir qu'a humilier la raison, qui
 voudrait juger de tout, mais non pas a combattre notre certitude comme s'il
 n'y avait que la raison capable de nous instruire. Plut a Dieu que nous n'en
 eussions au contraire jamais besoin et que nous connussions toutes choses
 par instinct et par sentiment! Mais la nature nous a refuse ce bien; elle ne
 nous a au contraire donne que tres peu de connaissances de cette sorte;
 toutes les autres ne peuvent etre acquises que par raisonnement.
  Et c'est pourquoi ceux a qui Dieu a donne la religion par sentiment du
 c?ur sont bien heureux et bien legitimement persuades. Mais a ceux qui ne
 l'ont pas, nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant
 que Dieu la leur donne par sentiment de c?ur, sans quoi la foi n'est
 qu'humaine, et inutile pour le salut*.
  Pensees (publiees en 1670).
 Примечания:
  1. В той мере, в какой оно предано любви. 2. Скептики. 3. У которых одна цель -
 борьба против главных принципов, диктуемых человеку сердцем 4. Comme = par
 exemple. 5. Чувство противопоставляется доказательствам.
 Вопросы:
  * Quel nom donnerait-on aujourd'hui a ce que Pascal appelle le c?ur? - On
 comparera le ion de ce passage a celui de l'extrait precedent. - Apres ieclosion du
 romantisme franfais, la pensee religieuse trouvera un aliment chez Pascal: pourquoi?
 MONTESQUIEU (1689-1755)
 LES "philosophes" du XVIIIe siecle, MONTESQUIEU osa, le premier, s'attaquer
 a des sujets epargnes jusqu'alors: le christianisme et la royaute. Et cette
 402
 
 offensive, commencee sur le ton du persiflage dans les Lettres persanes, se
 poursuivit avec acharnement dans l'Esprit des Lois, monument eleve et
 consacre a la defense de l'Homme...
 DE L'ESCLAVAGE DES NEGRES
  Si j'avais a soutenir le droit que nous avons eu de rendre les Negres
 esclaves, voici ce que je dirais:
  Les peuples d'Europe ayant extermine ceux de l'Amerique, ils ont du
 mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir a defricher tant de
 terres.
 Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le
 produit par des esclaves.
  Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'a la tete; et ils ont le
 nez si ecrase, qu'il est presque impossible de les plaindre.
  On ne peut pas se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un etre tres sage,
 ait mis une ame, surtout une ame bonne, dans un corps tout noir.
  On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez
 les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, etait d'une si grande
 consequence1, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur
 tombaient entre les mains.
  Une preuve que les Negres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font
 plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez des nations policees,
 est d'une si grande consequence.
  Il est impossible que nous supposions que ces gens-la soient des
 hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait
 a croire que nous ne sommes pas nous-memes chretiens.
  De petits esprits exagerent trop l'injustice que l'on fait aux Africains;
 car, si elle etait telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tete des
 princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire
 une generale en faveur de la misericorde et de la pitie*?
  Esprit des Lois, XV, v ( 1748).
 Примечания:
 ] Значение.
 Вопросы:
  * L'indignation est sensible sous le manteau de l'ironie. Quels passages vous paraissent,
 a cet egard, les plus vigoureux? - Quelle est la nouveaute de cette page, de quel courage
 temoigne-t-elle, en 1748?
 403
 
  DIDEROT (1713-1784)
 ET "L'ENCYCLOPEDIE" (1751 1772)
 En DIDEROT on admirela -profondeur de vues, la puissance parfois,
 prophetique d'un esprit qui n'a pas fini d'exercer son action sur la pensee
 d'aujourd'hui. Ce fut un prodigieux remueur d'idees. Spirituel comme Voltaire,
 a l'occasion, sensible, pathetique parfois comme Rousseau, il joint a ces dons
 une intelligence d'une rare souplesse et propre aux syntheses les plus hardies.
 On trouvera ici un article ecrit pour cette Encyclopedie, qui ne fut pas
 seulement la grande affaire de la vie de Diderot, mais aussi une sorte de
 machine de guerre ideologique montee pour demolir l'Ancien Regime.
 AUTORITE POLITIQUE
  Aucun homme n'a recu de la nature le droit de commander aux autres.
 La liberte est un present du Ciel, et chaque individu de la meme espece a le
 droit d'en jouir aussitot qu'il jouit de la raison. Si la nature a etabli quelque
 autorite, c'est la puissance paternelle: mais la puissance paternelle a ses
 bornes; et dans l'etat de nature elle finirait aussitot que les enfants seraient
 en etat de se conduire. Toute autre autorite vient d'une autre origine que la
 nature. Qu'on examine bien et on la fera toujours remonter a l'une de ces
 deux sources: ou la force et la violence de celui qui s'en est empare; ou le
 consentement de ceux qui s'y sont soumis par un contrat fait ou suppose
 entre eux et celui a qui ils ont defere l'autorite.
  La puissance qui s'acquiert par la violence n'est qu'une usurpation et ne
 dure qu'autant que la force de celui qui commande l'emporte sur celle de
 ceux qui obeissent; en sorte que si ces derniers deviennent a leur tour les
 plus forts, et qu'ils secouent le joug1, ils le font avec autant de droit et de
 justice que l'autre qui le leur avait impose. La meme loi qui a fait l'autorite
 la defait alors: c'est la loi du plus fort.
  Quelquefois l'autorite qui s'etablit par la violence change de nature;
 c'est lorsqu'elle continue et se maintient du consentement expres2 de ceux
 qu'on a soumis: mais elle rentre par la dans la seconde espece dont je vais
 parler; et celui qui se l'etait arrogee devenant alors prince cesse d'etre
 tyran3.
  La puissance qui vient du consentement des peuples suppose
 necessairement des conditions qui en rendent l'usage legitime utile a la
 societe, avantageux a la republique4, et qui la fixent et la restreignent entre
 404
 
 des limites; car l'homme ne peut ni ne doit se donner entierement et sans
 reserve a un autre homme, parce qu'il a un maitre superieur au-dessus de
 tout, a qui seul il appartient en entier. C'est Dieu dont le pouvoir est
 toujours immediat sur la creature, maitre aussi jaloux qu'absolu, qui ne
 perd jamais de ses droits et ne les communique point. Il permet pour le
 bien commun et le maintien de la societe que les hommes etablissent entre
 eux un ordre de subordination, qu'ils obeissent a l'un d'eux; mais il veut que
 ce soit par raison et avec mesure, et non pas aveuglement et sans reserve,
 afin que la creature ne s'arroge pas les droits du createur. Toute autre
 soumission est le veritable crime d'idolatrie5. Flechir le genou devant un
 homme ou devant une image n'est qu'une ceremonie exterieure, dont le vrai
 Dieu, qui demande le c?ur et l'esprit, ne se soucie guere, et qu'il
 abandonne a l'institution des hommes pour en faire, comme il leur
 conviendra, des marques d'un culte civil et politique, ou d'un culte de
 religion. Ainsi ce ne sont pas ces ceremonies en elles-iAemes, mais l'esprit
 de leur etablissement qui en rend la pratique innocente ou criminelle. Un
 Anglais n'a point de scrupule a servir le roi le genou en terre; le
 ceremonial6 ne signifie que ce qu'on a voulu qu'il signifiat, mais livrer son
 c?ur, son esprit et sa conduite sans aucune reserve a la volonte et au
 caprice d'une pure creature, en faire l'unique et dernier motif de ses actions,
 c'est assurement un crime de lese-majeste divine7 au premier chef8*. ,
  Encyclopedie.
 Примечания:
  1. Сбрасывают иго. 2. Ясным, недвусмысленным. 3. Слово использовано в этимо-
 логическом смысле - узурпатор. 4. Государство (лат.). 5. Поклонение идолам, а не
 истинному Богу. 6. Церемониал. Здесь: правила поведения при дворе. 7. Оскорбление
 величества. Здесь', преступление против Божественного величия. 8. В наивысшей сте-
 пени
 Вопросы:
  * En quoi consiste la hardiesse de cet article? Quelles critiques contient-il contre
 l'Ancien Regime? 405
 
 CHATEAUBRIAND (1768 1848)
 AUTANT le XVIIf siecle avait eu foi en l'homme, autant le' romantiques se
 complurent dans le doute et meme le desespoir. Il parut soi dain aux jeunes
 gens, dont les nerfs etaient d'ailleurs ebranles par les evenements tragiques de
 la Revolution et de l'Empire, que l'univers se derobait sous leurs pas, que la vie
 ne valait plus la peine d'etre vecue, en un mot, comme dit Alfred de Musset,
 qu'ils etaient venus "trop tard dans un monde trop vieux".
 Ce "mal du siecle", qui est, a certains egards, le mal de la jeunesse, personne
 ne semble l'avoir ressenti plus profondement ni analyse avec plus de lucidite
 que CHATEAUBRIAND dans son petit roman autobiographique Rene.
 MELANCOLIE DE RENE
  La solitude absolue, le spectacle de la nature me plongerent bientot dans
 un etat presque impossible a decrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi
 dire seul sur la terre, n'ayant point encore aime, j'etais accable d'une
 surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais
 couler dans mon c?ur des ruisseaux d'une lave ardente; quelquefois, je
 poussais des cris involontaires, et la nuit etait egalement troublee de mes
 songes et de mes veilles. Il me manquait quelque chose pour remplir
 l'abime de mon existence; je descendais dans la vallee, je m'elevais sur la
 montagne, appelant de toute la force de mes desirs l'ideal objet d'une
 flamme future; je l'embrassais dans les vents, je croyais l'entendre dans les
 gemissements du fleuve; tout etait ce fantome imaginaire, et les astres dans
 les cieux, et le principe meme de la vie dans l'univers.
  Toutefois cet etat de calme et de trouble, d'indigence et de richesse,
 n'etait pas sans quelques charmes: un jour je m'etais amuse a effeuiller une
 branche de saule sur un ruisseau, et a attacher une idee a chaque feuille que
 le courant entrainait. Un roi qui craint de perdre sa couronne par une
 revolution subite, ne ressent pas des angoisses plus vives que les miennes
 a chaque accident qui menacait les debris de mon rameau. 0 faiblesse des
 mortels! o enfance du c?ur humain, qui ne vieillit jamais! Voila donc
 a quel degre de puerilite notre superbe raison peut descendre! Et encore
 est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinee a des choses d'aussi
 peu de valeur que mes feuilles de saule.
  Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives que j'eprouvais
 dans mes promenades? Les sons que rendent les passions dans le vide d'un
 c?ur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre
 dans le silence d'un desert: on en jouit, mais on ne peut les peindre.
 406
 
 L'automne me surprit au milieu de ces incertitudes: j'entrai avec ravis-
 sement dans les mois de tempetes. Tantot j'aurais voulu etre un de ces
 guerriers1 errant au milieu des vents, des nuages et des fantomes; tantot
 j'enviais jusqu'au sort du patre que je voyais rechauffer ses mains a
 l'humble feu de broussailles qu'il avait allume au coin d'un bois. J'ecoutais
 ses chants melancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays le chant
 naturel de l'homme est triste, lors meme qu'il exprime le bonheur. Notre
 c?ur est un instrument incomplet, une lyre ou il manque des cordes, et ou
 nous sommes forces de rendre les accents de la joie sur le ton consacre aux
 soupirs.
  Le jour, je m'egarais sur de grandes bruyeres terminees par des forets.
 Qu'il fallait peu de chose a ma reverie! une feuille sechee que le vent
 chassait devant moi, une cabane dont la fumee s'elevait dans la cime
 depouillee des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le
 tronc d'un chene, une roche ecartee, un etang desert ou le jonc fletri
 murmurait! Le clocher solitaire, s'elevant au loin dans la vallee, a souvent
 attire mes regards; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui
 volaient au-dessus de ma tete. Je me figurais les bords ignores, les climats
 lointains ou ils se rendent; j'aurais voulu etre sur leurs ailes. Un secret
 instinct me tourmentait; je sentais que je n'etais moi-meme qu'un voyageur;
 mais une voix du ciel semblait me dire: "Homme, la saison de ta migration
 n'est pas encore venue; attends que le vent de la mort se leve; alors tu
 deploieras ton vol vers ces regions inconnues que ton c?ur demande".
  "Levez-vous vite, orages desires, qui devez emporter Rene dans les
 espaces d'une autre vie!" Ainsi disant, je marchais a grands pas, le visage
 enflamme, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frisson,
 enchante2 tourmente, et comme possede par le demon de mon c?ur*.
  Rene (1802).
 Примечания:
  1. Один из воинов, воспетых Оссианом, шотландским бардом III в., которого при-
 думал Макферсон и от имени которого сочинил ''Песни Оссиана". Это была одна из
 знаменитейших литературных мистификаций. 2. Очарованный, околдованный.
 Вопросы:
  * On comparera ce texte avec les pieces celebres de Lamartine intitulees 1/isolement et
 L'Automne. - On a dit que Chateaubriand etait le dernier "enchanteur des forets
 bretonnes-". Ce texte vous fait-il sentir pourquoi!
 407
 
 ERNEST RENAN (1823-1892)
 AVEC la generation de 1848 s'eteint d'une facon assez brusque le decourage-
 ment particulier a l'age romantique. L'homme, qui s'etait cru delaisse,
 reprouve, maudit, re-prend confiance, sinon en Dieu, du moins dans /ej
 progres de sa propre connaissance. Une nouvelle foi se cree, une sorte de
 religion laique qui aboutira a l'idolatrie du "scientisme".
 ERNEST RENAN est certainement un de ceux qui ont traduit avec le plus de
 profondeur cet espoir en l'Avenir de la Science.
 DE L'INDIVIDU A L'HUMANITE
 Un jour, ma mere et moi, en faisant un petit voyage a travers les sentiers
 pierreux des cotes de Bretagne qui laissent a tous ceux qui les ont foules de
 si doux souvenirs, nous arrivames a une eglise de hameau, entouree, selon
 l'usage, du cimetiere, et nous nous y reposames. Les murs de l'eglise en
 granit a peine equarri et couvert de mousses, les maisons d'alentour
 construites de blocs primitifs, les tombes serrees, les croix renversees et
 effacees, les tetes nombreuses rangees sur les etages de la maisonnette qui
 sert d'ossuaire, attestaient que, depuis les plus anciens jours ou les saints de
 Bretagne avaient paru sur ces flots, on avait enterre en ce lieu. Ce jour-la,
 j'eprouvai le sentiment de 1 immensite, de l'oubli et du vaste silence ou
 s'engloutit la vie humaine avec un effroi que je ressens encore, et qui est
 reste un des elements de ma vie morale. Parmi tous ces simples qui sont la
 a l'ombre de ces vieux arbres, pas un, pas un seul ne vivra dans l'avenir. Pas
 un seul n'a insere son action dans le grand mouvement des choses; pas un
 seul ne comptera dans la statistique definitive de ceux qui ont pousse a
 l'eternelle roue. Je servais alors le Dieu de mon enfance1, et un regard eleve
 vers la croix de pierre, sur les marches de laquelle nous etions assis, et sur
 le tabernacle qu'on voyait a travers les vitraux de l'eglise, m'expliquait tout
 cela. Et puis, on voyait a peu de distance, la mer, les rochers, les vagues
 blanchissantes, on respirait ce vent celeste qui, penetrant jusqu'au fond du
 cerveau, y eveille je ne sais quelle vague sensation de largeur et de liberte.
 Et puis ma mere etait a mes cotes; il me semblait que la plus humble vie
 pouvait refleter le ciel grace au pur amour et aux affections individuelles.
 J'estimais heureux ceux qui reposaient en ce lieu.
  Depuis j'ai transporte ma tente" et je m'explique autrement cette grande
 nuit. Ils ne sont pas morts, ces obscurs enfants du hameau; car la Bretagne
 vit encore, et ils ont contribue a faire la Bretagne; ils n'ont pas eu de role
 408
 
 dans le grand drame, mais ils ont fait partie de ce vaste ch?ur sans lequel
 le drame serait froid et depourvu d'acteurs sympathiques. Et quand la
 Bretagne ne sera plus, la France sera, et quand la France ne sera plus,
 l'humanite sera encore, et eternellement l'on dira: "Autrefois, il y eut un
 noble pays, sympathique a toutes les belles choses, dont la destinee fut de
 souffrir par l'humanite et de combattre pour elle." Ce jour-la le plus
 humble paysan qui n'a eu que deux pas a faire de sa cabane au tombeau,
 vivra comme nous dans ce grand nom immortel; il aura fourni sa petite part
 a cette grande resultante. Et quand l'humanite ne sera plus. Dieu sera, et
 l'humanite aura contribue a le faire, et dans son vaste sein se retrouvera
 toute vie, et alors il sera vrai a la lettre que pas un verre d'eau3, pas une
 parole qui aura servi l'?uvre divine du progres ne sera perdue *.
  L'Avenir de la Science, XII (1848).
 Примечания:
  1. Через несколько лет Ренан утратит веру. 2. Я перенес свой шатер (в переносном ^
 смысле). 3. Отсылка к Евангелию: "И кто напоит малых сих только чашею холодной
 воды..." ( Матф., X, 42.)
 Вопросы:
  * A travers une anecdote d'une gracieuse simplicite, Renan s'eleve aux plus hautes
 cimes. Appreciex cette eloquence sans effort. - Dans quelle mesure cette philosophie du

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